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Comportement

Publié le 15 jan 2008Lecture 3 min

Scarifications chez l’adolescent : une nouvelle forme d’addiction ?

S.BARBAS - Hôpital de Poissy-Saint-Germain-en-Laye, Secteur de psychiatrie infanto-juvénile
La fréquence actuelle des conduites de scarifications interroge sur leurs significations. S’agit-il d’un phénomène de société ou d’un trouble spécifique de l’adolescence ?
En fonction du contexte clinique L’interprétation de ces actes dépend du contexte clinique. Même en dehors d’une entrée dans la psychose, l’histoire du sujet peut révéler des failles narcissiques et une vulnérabilité précoce, parfois en lien avec des traumatismes anciens comme des abus sexuels. Nous pouvons voir en consultation ces dernières années des scarifications qui n’impliquent pas un pronostic péjoratif ni par leur nature (elles sont le plus souvent superficielles) ni par leur  psychopathologie. Les fantasmes ou les images morbides, présentes en arrière-plan, ne traduisent pas forcément une volonté autodestructrice (1). Auprès d’un entourage inquiet, il faudra autant que possible dédramatiser l’acte lui-même, qui ne doit pas être confondu avec une tentative de suicide.   La recherche compulsive d’un apaisement On considère aujourd’hui volontiers les scarifications comme des conduites addictives. Elles sont fréquemment associées à d’autres troubles reconnus comme des addictions : troubles du comportement alimentaire, tentatives de suicide à répétition, consommation de drogues ou d’alcool. Chez un même sujet, ces comportements compulsifs ou à risque peuvent coexister ou se succéder. En s’infligeant des blessures volontaires, les adolescents cherchent à apaiser une tension interne, comme si la douleur physique était plus facile à supporter que la souffrance psychique, et comme si la blessure réelle pouvait avoir un effet cathartique. La recherche compulsive d’un apaisement par ce moyen peut devenir un but en soi et constituer une forme d’addiction. Ce n’est toutefois pas systématique. L’augmentation actuelle de ce phénomène est essentiellement à comprendre en fonction du contexte socioculturel et de la dynamique propre de l’adolescence.   L’intimité à fleur de peau Les adolescents cherchent les insignes de leur identité nouvelle dans les images, les modes et les mythes de leur époque. L’augmentation des scarifications est à relier à l’engouement des jeunes pour les tatouages et autres piercings, pour lesquels la peau sert de surface d'inscription où s’affiche une intimité en quête de reconnaissance. Plus que de passages à l’acte, on peut parler d’« actes de passage » (2). Les scarifications peuvent être le témoin de la difficulté de ce passage. Des jeunes filles, plus souvent concernées, expriment par exemple leur désir de se débarrasser de l’image de petite fille et des idéaux parentaux qui « leur collent à la peau ». Les entailles de leurs avant-bras sont la trace d’une souffrance identitaire réelle, mais sans signification psychopathologique fixée. Si le concept d’addiction apporte un éclairage intéressant à la psychodynamique commune à certaines formes de passages à l'acte, où le corps est en jeu, il ne doit pas devenir le paradigme central de compréhension du fonctionnement psychique des adolescents. 

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