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Comportement

Publié le 18 nov 2007Lecture 21 min

Enfants adoptés, issus d’une FIV, donneur anonyme : l’annonce faite à l’enfant

C.Jousselme - Fondation vallée, Gentilly
Les situations dans lesquelles la filiation symbolique prime sur la filiation biologique sont de plus en plus nombreuses (adoption, insémination artificielle avec donneur, etc.). Que dire à l’enfant, quand lui dire ? Faut-il lever le secret de sa filiation ? Autant de questions que de situations, avec leurs points communs et leurs spécificités.
Adoption, PMA par IAC et FIV, IAD : 3 situations différentes mais comparables dans certains domaines • Dans l’adoption, l’enfant généralement « né sous X » met ses parents à égalité : aucun ne vit la procréation de cet enfant, il reste l’enfant du désir, et quel que soit le porteur de la stérilité, la filiation biologique n’existe pas. • Dans les inséminations intraconjugales (IAC) et les FIV, l’enfant est un « enfant de la science » né d’un bricolage technique particulier qui a permis, grâce à la médecine, de dépasser la situation d’engendrement qui se soldait par un échec. Cependant, les parents sont aussi « à égalité », puisque la filiation est directement biologique des deux côtés. La seule asymétrie qui peut exister peut concerner l’enfant lorsqu’il n’est pas au courant des « techniques » qui ont présidé à sa naissance. • Dans l’insémination artificielle avec donneur (IAD), l’asymétrie parentale est totale. Gardant une filiation biologique maternelle, l’enfant ne dispose, du côté paternel, que d’une filialion symbolique (sociale et affective). Il reste « l’enfant d’un autre » réactivant ainsi une problématique oedipienne compliquée chez le père et chez la mère (fantasmes de castration et d’impuissance chez le père, éventuellement « fantasmes incestueux » pour la mère, le donneur étant assimilé à une image paternelle). Toutes ces situations impliquent une dissociation des filiations biologiques (liées au génome) et/ou sa liaison à l’acte d’engendrement, des filiations sociales (celles qui transmettent le nom) et affectives, ces deux dernières restant au-devant de la scène. Toutes aboutissent à des enfants « du doute et de la révélation », doute sur la possibilité de les avoir, et révélation par l’existence de la stérilité d’un ou des deux parents. Dans les IAD et les FIV, la procréation est coupée de la sexualité parentale et transforme complètement la conception de la filiation : habituellement, l’engendrement et la filiation sont assimilables, ce qui n’est plus du tout le cas avec ces techniques.   Secret et origine Tout enfant se questionne sur ses origines : la Convention générale de l’ONU (1990) affirme : « L’enfant est enregistré aussitôt sa naissance et a, dès celle-ci, le droit à un nom, le droit d’acquérir une nationalité et, dans la mesure du possible, le droit de connaître ses parents et d’être élevé par eux. » La Convention européenne des droits de l’homme, lors d’un acte de la Cour européenne des droits de l’homme, affirme également que « toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale, mais aussi, que tout enfant a un intérêt primordial à recevoir tout renseignement qui lui est nécessaire pour connaître et comprendre son enfance ». On voit bien ici le difficile dilemme entre le respect du secret pour préserver l’équilibre parental et l’intérêt de l’enfant à connaître le maximum d’informations possibles sur ses origines pour pouvoir correctement se développer. Il faut pourtant différencier secret et anonymat. En effet, dans les procréations médicalement assistées (PMA), il existe un secret possible sur les modalités techniques de la conception, mais l’anonymat du ou des donneurs de gamettes ou d’embryons ne lui est en aucun cas assimilable : ce dernier représente une dimension supplémentaire tout à fait dissociable.   Que dit la loi ? Adoption Elle est plénière, irrévocable, et peut s’effectuer en France par un couple ou une personne seule. Les couples homosexuels ne peuvent pas, à l’heure actuelle, adopter en temps que couple, mais toute personne seule peut le faire, et la nature de la sexualité de cette personne n’est pas un argument pour lui refuser l’adoption : ainsi, la possibilité pour un couple homosexuel d’adopter un enfant est implicite. Il faut différencier secret et anonymat. Les enfants adoptables sont le plus souvent issus d’accouchements sous X, accouchement effectué « dans la discrétion ». Mis en place pour éviter les infanticides et les avortements illégaux, il est clair que ces accouchements sont de moins en moins nombreux depuis l’apparition de la contraception et la possibilité de l’avortement. Dans les années 1970, on comptait environ 10 000 enfants nés sous X, 780 en 1991 et 670 en 1999. Ces enfants sont, la plupart du temps, issus de mères jeunes en grande difficulté sociale. Actuellement, environ 400 000 personnes de tous âges sont concernées en France par une naissance sous X. Si le père a connaissance de la naissance de son enfant, il peut le reconnaître et faire une demande de reconnaissance de paternité. Cela pose le problème de « la gestation par autrui », ce qui pourrait amener à court-circuiter la loi qui interdit en France les mères-porteuses. Depuis peu, l’anonymat des mères est supprimé et le secret peut être levé quant à leur identité s’il y a une « volonté partagée » entre l’enfant et la mère de se connaître. Pour cela, le Conseil national pour l’accès aux origines personnelles (CNAOP) a été créé par la dernière loi de bioéthique en 2004. Il n’est généralement pas question d’anonymat concernant l’identité paternelle puisque la plupart du temps, ces mères accouchent seules. IAC et FIV Elles concernent des couples hétérosexuels, mariés ou en concubinage, depuis plus de 2 ans. Elles nécessitent le consentement des deux partenaires. Pour la FIV, la conjointe doit avoir moins de 42 ans, et les gamètes sont obligatoirement celles des deux parents. Insémination avec donneur ● Le donneur est anonyme, non rémunéré. Il doit être « un homme sain » (des sérologies diverses sont effectuées : sida, hépatite…). Le CECOS garde par contre son identité et compare ses caractéristiques génétiques, physiques et, éventuellement, son groupe sanguin à ceux du père qui sera celui de l’enfant. Le donneur est issu d’un couple ayant des enfants normaux et doit obtenir l’accord écrit de sa conjointe. Il ne sait pas si son don sera suivi de procréation et ce don aboutira à 5 ou 10 enfants pour éviter le risque de consanguinité. On peut noter que depuis l’insémination avec micro-injection (ICSI), le nombre d’IAD diminue. ● Le couple receveur est un couple hétérosexuel en âge de procréer. Il ne connaît pas l’origine du sperme. Les parents signent une acceptation de l’IAD devant notaire garantissant le secret (toute information diffusée est passible de prison et d’amende). L’IAD est possibleactuellement en 1re intention si le père peut transmettre une maladie génétique. Le père est assimilé au mari de la mère et ne peut, après cet engagement, effectuer un désaveu en paternité (son consentement fait devant un juge ou un notaire l’empêche d’effectuer cette démarche). Les parents signent une acceptation de l’IAD devant notaire garantissant le secret. Il est à noter que différentes attitudes sont possibles selon les pays : – en Norvège, au Danemark, en Belgique et en Islande, l’identité du donneur est secrète ; – en Italie, l’IAD est interdite ; – en revanche, en Allemagne, en Autriche, en Angleterre, en Suède, en Suisse, en Australie, aux Étatsunis et en Nouvelle-Zélande, la levée de l’anonymat est possible s’il y a une demande de l’enfant. À noter que le don d’ovule est possible en France, alors qu’il n’est pas accepté en Allemagne, en Autriche, en Suisse. En Angleterre, les enfants issus d’IAD ont exactement les mêmes droits que les enfants adoptés pour connaître l’identité du donneur.   Secret et culture Si on s’est beaucoup questionné sur le secret en matière d’IAD notamment, c’est sans doute que notre culture est celle de la transparence absolue, de « l’extimité », et des droits de l’enfant. La multiplicité des possibilités de procréation médicalement assistée et des adoptions internationales, rendant difficile le maintien d’un secret auprès de l’enfant, le besoin de tracibilité biologique et génétique (loi du 06/08/2004 qui souligne l’intérêt en soins et en prévention d’avoir une traçabilité biologique et génétique convenable) ont sûrement abouti à l’idée que le secret devait être levé dans toutes ces filiations. Le secret, du latin secernere (séparer, mettre à part le grain du résidu « excrementum »), n’est sûrement pas comparable à l’anonymat. En effet, on peut parler de l’anonymat (sans le lever), à partir du moment où on n’a plus de secret. Si l’on ne lève pas l’anonymat, mais qu’on lève le secret, on a sans doute moins à gérer la problématique d’un concret, d’un réel parfois trop envahissant : on peut se questionner sur l’image d’un père ou d’une mère inconnu(e), sans pour cela avoir le sentiment qu’il faut obligatoirement retrouver ce père ou cette mère « dans la réalité » pour résoudre le problème. Ainsi, on peut mieux aborder la dimension symbolique de la filiation et son articulation avec les questions concernant les parents du réel quotidien dans tous les conflits infantiles de développement. Les enjeux psychologiques de ces grossessses On peut noter que les enfants issus de toutes ces filiations particulières n’ont pas forcément des profils particuliers. – En ce qui concerne l’adoption, beaucoup d’enfants ont plus de troubles psychologiques qu’une population générale, mais cela est souvent dû à des parcours compliqués avant l’adoption. Aux États-Unis, de nombreuses études montrent que lorsque ces enfants rencontrent leurs parents biologiques, cela aboutit souvent au renforcement des liens avec leurs parents adoptifs. – Dans les PMA en général, les enfants ne présentent pas plus de troubles psychologiques globaux que dans la population générale. Ils sont extrêmement attendus, investis et davantage suivis, notamment en pédiatrie. On peut noter tout de même que dans les IAD, les grossesses semblent provoquer plus d’angoisses chez les femmes, avec davantage de vomissements pendant le 1er trimestre, ce qui pourrait être lié à l’ambivalence foncière de ces mères prises entre la jouissance de leur grossesse et la culpabilité d’avoir pu être enceinte grâce à un autre homme. Ces grossesses sont marquées également par plus de craintes des malformations ou de peur de perdre l’enfant, et il existe aussi davantage de dépression du post-partum. Dans ce type de fécondation, l’enfant imaginaire est extrêmement présent, et souvent compliqué à gérer pour les mères quand l’enfant réel arrive. En effet, il représente un enfant interdit par la stérilité paternelle, et possible par une transgression très particulière, puisqu’elle fait entrer dans l’imaginaire maternel, un tiers, qui peut être confondu parfois avec une imago paternelle de la mère. Cela la renverrait à son propre conflit oedipien et à des fantasmes incestueux. On peut noter que les enfants nés d’IAD sont plus souvent allaités, et qu’ils présentent parfois plus de troubles du sommeil dans les premiers mois. Il faut aussi noter que certains couples, après une IAD, ont davantage de conflits, ce qui complique un peu l’état psychologique de la mère pendant la grossesse et après l’accouchement. Ces conflits pourraient être dus à la difficulté pour le mari d’accepter la grossesse de sa femme, comme si le ventre de celle-ci lui renvoyait régulièrement sa stérilité en pleine figure.   Secret ou pas ? Adoption Le consensus est total pour dire qu’il faut très précocément révéler la vérité de l’adoption à l’enfant. Sinon, les enfants présentent davantage de troubles psychiatriques, à titre de troubles du comportement, de fugues, de problématiques narcissiques. En matière d’adoption, il y a un consensus pour révéler très précocement et progressivement la vérité à l’enfant. Le but d’ailleurs n’est pas une véritable révélation, mais plutôt un apprivoisement progressif dès la naissance. Certains enfants peuvent dire « je l’ai toujours su », car ils ont un album photos de leur petite enfance par exemple. La maternité, ou bien le foyer de l’ASE, leur fournissent déjà un début d’histoire qui peut les aider, secondairement, à fantasmer cette histoire, en jouant un rôle de « starter » (pas d’interdit à penser). Ils font ainsi sienne leur vérité, mais cela renvoie bien entendu immédiatement à la stérilité parentale qui doit être en quelque sorte révélée. Dans ces cas, la « greffe » de l’enfant dans la famille sera souvent positive et ne posera pas d’autre problème particulier. Dans d’autres cas, lorsque la révélation est beaucoup plus tardive, les choses peuvent devenir beaucoup plus compliquées. Un patient disait : « Ma vie a basculé quand, brutalement, on m’a annoncé que j’étais adopté à plus de 30 ans. Je l’ai appris par une cousine et cela m’a totalement bouleversé. Je me suis mis à penser que tout ce que j’avais vécu était faux, du coup les arbres, les voitures c’était tout comme au cinéma, comme des décors. Ça a duré une semaine. » On voit bien ici la nature de l’angoisse, quasi psychotique, au moment d’une révélation qui remet en cause tout ce qui s’était passé avant. Mais si le secret est levé sur l’adoption, l’anonymat de la mère peut être sans doute gardé. En effet, il ne faut pas confondre réalité et fantasme : on peut avoir la possibilité de penser à ses origines sans pour cela être obligé d’avoir le véritable personnage qui vous a mis au monde en face de soi. D’ailleurs, il est marquant de noter que depuis 2004, le CNAOP n’a enregistré que 1 à 2 % de demandes en ce qui concerne la levée de l’anonymat. Il s’agit souvent de familles en difficulté depuis longtemps, comme si le rejet du « greffon » était précoce. La demande obsessionnelle de l’enfant à propos de la levée de l’anonymat correspond souvent à une problématique conflictuelle pas vraiment « parlable » avec ses parents adoptifs. D’autres questions sont souvent posées, et le seront davantage dans l’avenir, par les enfants adoptés par des couples homosexuels ou des personnes seules qui ont sans doute besoin de connaître davantage leurs origines pour mieux envisager leur identification et leur identité sexuée.   IAC et FIV Le problème est celui du secret par rapport au mode de la conception. L’enfant en phase oedipienne (entre 3 et 6 ans) acquiert une notion de la différence des sexes ; il « triangule » dans la relation avec ses parents en acceptant qu’ils s’aiment entre eux différemment de la façon dont ils l’aiment lui, ce qui aboutit au fait qu’ils font des bébés, acceptant sa filiation et par là même le tabou de l’inceste. Dans la FIV, les choses sont un peu compliquées. En effet, le médecin intervient dès le début et complexifie le roman familial. La « scène primitive », celle qui met en scène les parents en train de procréer, serait une scène à 3, partagée en quelque sorte par l’équipe médicale. L’intimité du couple est alors fantasmatiquement bien remise en cause par l’enfant, et ses fantasmes oedipiens sont sans doute différents de ceux d’autres enfants. Le fait de ne rien connaître de sa conception enferme l’enfant dans une asymétrie qui peut le mettre en difficulté par rapport au reste de la famille, surtout si celle-ci est au courant. Dans certains cas, la révélation est un peu brutale, comme cette mère qui, rencontrant dans la rue l’obstétricien qui l’a inséminée, lui présente son fils et lui dit « voilà ton vrai père ». D’autres mères emmènent leurs enfants au CECOS en visite, ce qui n’est pas forcément simple non plus !   Insémination artificielle avec donneur Le problème est ici double : levée du secret et levée de l’anonymat. La levée de l’anonymat correspond à retrouver l’identité d’un parent réel qui n’a pas véritablement de sens : en France, au moment du don, en rennonçant à toute responsabilité par rapport à l’enfant, le donneur est un simple intermédiaire biologique. Dans les IAD, sans doute bien plus que dans l’adoption, l’enfant est davantage assimilé, par le couple, à un enfant réellement biologique. La rupture de cette filiation fantasmatique est sans doute plus forte si un « vrai parent biologique » fait intrusion. Il existe par ailleurs sûrement aussi des différences culturelles en la matière. En France, une étude à Lyon a montré que des adolescents issus d’IAD, au courant de leur filiation, disent tous que leurs parents ont été courageux d’effectuer ce mode de démarche, mais très peu demandent la levée de l’anonymat biologique. Aux États-Unis, dans une culture beaucoup plus importante de la transparence, les adolescents en question sont très contents de savoir d’où ils sont issus, et 80 % d’entre eux souhaitent rencontrer leurs donneurs « pour avoir une meilleure connaissance d’eux », tout en sachant que ce ne sont pas « des vrais pères ». En France, il y a peu de demandes de levée de l’anonymat biologique. Ces demandes émanent surtout d’enfants vivants dans des couples homosexuels ou dans des familles monoparentales et beaucoup moins d’enfants qui vivent dans les couples hétérosexuels. Le secret quant à la nature de la filiation est sans doute difficile car il s’agit souvent d’un secret de polichinelle ou d’un non-dit qui transparaît largement dans le comportement des parents par d’autres gestes. L’enfant peut alors vivre dans une angoisse permanente de ce qu’il peut découvrir, et quand il apprend sa filiation, il la vit comme une trahison. Cette réticence face aux adultes crée alors le besoin de la levée de l’anonymat.   Réflexion et commentaires : quelques clés pour une meilleure approche Tout enfant recherche ses origines pour construire son identité. Il met en place un roman familial, à la recherche de son histoire, mais sans doute moins de ses gènes. Les secrets des origines comprennent ceux qui concernent la naissance, mais aussi le processus causal de celle-ci. L’enfant des procréations médicalementassistées est un enfant de la science toute-puissante, fascinante, enfant qui peut être trop attendu, et alors trop idéal. L’enfant des procréations médicalement assistées peut être trop attendu, et alors trop idéal. L’enfant de l’IAD incarne au quotidien la stérilité paternelle. Si le couple arrive à fonctionner dans un clivage fonctionnel positif, il assumera l’asymétrie et le père gérera ses angoisses de castration et d’impuissance, sans avoir besoin d’une illusion de paternité biologique à maintenir. Du coup, le secret n’aura plus de sens. Le soutien familial, grand-parental notamment, est sans doute très important dans tous ces cas. Mais de toute façon, le symbolique transcende toujours le réel. On peut bien entendu penser qu’un secret est toxique, dévastateur, particulièrement lorsqu’il est absolu, vidé de sens et impossible à représenter, interdisant la pensée, et pouvant plonger ainsi l’enfant dans des difficultés cognitives, aboutissant à des échecs scolaires (difficultés à l’acquisition de la lecture, de raisonnement, etc.). Cependant, sa nature et son économie doivent être toujours analysées : est-il fait pour protéger l’enfant ou pour protéger le ou les parents de leur stérilité ? Alors, il est clair que, dans certains cas, la révélation n’est pas toujours positive. Ainsi, une mère parle à son enfant du fait que son mari a été « incapable » de mettre la graine dans son corps pour faire un bébé : elle met en scène des fantasmes d’impuissance paternelle très négatifs pour son enfant, comme pour son mari ! • Il faut donc être assez prudent pour permettre à la révélation de se faire dans un certain confort. Pour cela, il faut aider les couples à digérer et à apprivoiser leur problématique de stérilité, par un travail en amont au niveau des CECOS ou au cours des entretiens pour l’adoption. • Détecter la dépression paternelle, travailler la culpabilité maternelle (jouissance et complétude de la grossesse face aux angoisses de castration paternelle), identifier les angoisses de dette par rapport au donneur ou des conflits latents de couple, est très important pour l’avenir de l’enfant. • Il faut également permettre aux parents d’anticiper les questions de la possible révélation. La semivérité, le non-dit, génèrent de l’anxiété, des doutes et la suspicion du « pire » chez l’enfant. Les informations précoces, quand elles sont bien digérées par les parents, permettent à l’enfant de ne pas être en quête de preuves et de traces du mensonge ressenti. Elles évitent un cercle vicieux aboutissant à l’obsession de la recherche du « vrai » parent, avec à la clé, demande de la levée d’anonymat, qui représente en fait une quête des parents du quotidien. • Imaginer que la seule levée de l’anonymat résoudra le problème représente une confusion entre le manifeste (« j’ai un vrai père ailleurs ») et le symbolique qui pourtant est le plus important (« je ne trouve pas de vrai père ici à côté de moi »). Les gamètes n’ont jamais été des parents… Il semble plus important de travailler alors dans le registre symbolique que de vouloir résoudre les choses par une transparence dans le réel. Les gamètes n’ont jamais été des parents…   Conclusion Finalement, quand les parents assument leur désir d’enfant, leur mode de procréation et leur stérilité, peu importe de révéler très précisément les techniques par lesquelles l’enfant a été conçu. Tout cela se passe dans un certain implicite qui confine à l’évidence. Les explications sont alors claires, simples, intégrées, vivantes, adaptées à l’âge de l’enfant, car confortables. L’enfant entend une seule chose, c’est qu’il est vraiment issu du désir de ses parents, accepté dans son altérité, et que la paternité et la maternité de ses parents sont très fortes. Le lien symbolique est valorisé et le simulacre de paternité naturelle n’a plus besoin d’être. Un père disait : « Il saura bien que je suis son père quand je lui aurai collé une fessée parce qu’il a ennuyé sa mère toute la soirée. » Dans d’autres cas, la stérilité n’est pas assumée mais le désir d’enfant non plus, avec parfois un plus fort désir de grossesse que d’enfant, souvent lié à des histoires transgénérationnelles complexes. L’enfant risque alors d’être un bouche-trou, un médicament de la blessure non digérée de l’un ou des deux parents. Il devra alors de plus en plus rentrer dans le moule du projet narcissique des parents et restera l’enjeu de menaces dès qu’il cherchera à s’autonomiser. Bien entendu, on ne peut pas s’empêcher de penser à d’autres risques de dérives ou de dérapages… Par exemple que penser de la place d’enfants « sur mesure », programmés sur Internet, par des couples homosexuels prévoyant d’emblée des gardes alternées, par des mères porteuses… ? Où sont-ils vraiment dans ces projets totalement narcissiques ? Pascal écrivait avec humilité : « L’homme qui cherche ses origines est vaniteux : il reste égaré dans ce recoin de l’univers sans savoir qui l’y a mis, ce qu’il est venu y faire, ce qu’il deviendra en mourant. » Chacun se questionnera pourtant sur ses origines à sa façon et il faudra bien qu’il trouve ses propres réponses, à la manière de Pierre Dac : « Qui suisje ? d’où viens-je ? où vais-je ? Je suis moi, je viens de chez moi et j’y retourne. »

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