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Comportement

Publié le 22 oct 2007Lecture 5 min

Dépistage des troubles du comportement : la polémique nuit d’abord aux enfants !

C. Rayr
« Quand Rome brûle, ce n’est pas le moment d’ergoter et de se livrer à des batailles de théories », lance C. Vidailhet (Nancy), un avis partagé par les participants à la table-ronde sur « dépistage et prise en charge des troubles du comportement de l’enfant ». Au Canada, indique R.E. Tremblay (Montréal), le suivi longitudinal d’un millier de garçons issus de milieux défavorisés montre une pic d’agression physique à l’âge de 16 ans, tandis qu’un tiers a déjà eu lieu à l’âge de 6 ans. Entre 6 ans et l’adolescence, on relève 4 % d’enfants agresseurs chroniques. Les facteurs de risque sont multiples : familiaux, sociaux, « génétiques » (mais non au sens de l’hérédité mendélienne), et des facteurs prédictifs existent indéniablement. Le groupe qui a bénéficié d’une intervention préventive s’en tire évidemment mieux… En France, les troubles du comportement augmentent en fréquence et deviennent un problème de santé publique, souligne P. Jeammet (Paris). Outre les risques pour l’entourage, un enfant qui présente ces troubles de manière importante et durable court un risque majeur d’entrave à son propre développement, et donc de marginalisation. L’autre danger, si on abandonne ces enfants à leur violence, est la stigmatisation. Face aux sujets en souffrance et qui font souffrir leur entourage, C. Vidailhet prône la nécessité d’un diagnostic approfondi (contextuel et structurel) et d’une prise en charge adaptée. À l’heure de la prévention, poursuit P. Jeammet, les débats sur l’expertise collective de l’Inserm n’ont pas lieu d’être. Au lieu de défendre des chapelles de pensées, et surtout d’inquiéter inutilement les parents, les professionnels de santé devraient conjuguer leurs efforts pour éclairer le débat, proposer des idées ou des solutions pour tenter d’éviter des dérives violentes toujours possibles ; pour l’heure, le laisser-faire est lui aussi menaçant : « Aujourd’hui, ce n’est pas le conformisme social et l’obéissance qui menacent le plus nos écoles. »
Enfance et adolescence : on réclame une politique de santé Il y a plus de 30 ans, Pierre Royer plaidait pour une politique de santé spécifique pour les enfants et les adolescents. Il manquait à ce jour un état des lieux, vaste et complet, qui puisse pointer les nombreuses insuffisances et inciter les politiques à les combler. C’est chose faite avec le rapport de mission de Danièle Sommelet, disponible sur le site du ministère de la Santé (http://www.sante.gouv.fr/) . Dix-huit mois de travail ont abouti à un rapport de 600 pages, fruit d’une réflexion sans complaisance, et à la formulation de 12 propositions pour l’avenir (cf. encadré). Les pédiatres réunis à Rouen ont chaleureusement applaudi et le rapport et son auteur.   12 propositions « L’enfant et l’adolescent : un enjeu de société, une priorité du système de santé » 1. Élaborer avec la HAS et l’ensemble des acteurs un programme national d’organisation des pratiques professionnelles concernant tous les domaines de la santé (physique, mentale, sociale) de l’enfant et de l’adolescent. 2. Rationaliser la politique de prévention et de protection : missions, acteurs, outils, utilisation des données. 3. Assurer le recueil de données épidémiologiques fiables (rappel : le carnet de santé n’a jamais été évalué) : – suivi d’indicateurs de santé ; – veille sanitaire ; – qualité des acteurs et filières de prise en charge. 4. Organiser une concertation de la population (parents et adolescents de 12 à 18 ans) pour connaître leurs besoins et leurs attentes, leur vision des rôles respectifs des professionnels de santé et des mouvements associatifs. 5. Contribuer à la promotion de la santé en assurant le partenariat entre les institutions de l’État, les collectivités territoriales et les acteurs de terrain, et en adoptant une stratégie de communication adaptée aux besoins et aux moyens. 6. Évaluer les besoins démographiques réels de l’ensemble des acteurs en prenant en compte : – les départs en retraite, les postes hospitaliers, les inégalités géographiques ; – l’organisation des pratiques professionnelles (cf. 1) ; – l’évaluation de l’activité et des services rendus ; – l’organisation de nouvelles conditions d’exercice : maisons de santé, partage et/ou délégation de tâches (infirmières/ puéricultrices, psychologues…). 7. Assurer l’excellence et la continuité immédiate et à long terme des soins et de la prise en charge globale des enfants et des adolescents atteints de maladie chronique (+ rôle des associations de parents). 8. Professionnaliser la recherche en pédiatrie. 9. Rassembler les acteurs nécessaires à la réflexion sur les besoins et les méthodes de soutien et/ou de soins de l’adolescent. 10. Inciter les acteurs de santé et notamment les pédiatres à une meilleure prise en compte de l’interculturalité et à une plus grande implication dans la lutte contre les conséquences de la précarité. 11. Réviser la formation des acteurs. 12. Mettre en oeuvre une véritable politique de santé de l’enfant et de l’adolescent grâce à la création sous l’égide du ministère de la Santé, d’une commission interministérielle en lien avec les collectivités territoriales. » Rapport du Pr Danièle Sommelet Ministère de la Santé et des Solidarités - mars 2007   Dans sa synthèse des constats, D. Sommelet dénonce, au plan national, entre autres, le manque de politique globale ciblée sur les besoins de prévention, d’éducation, de soins de l’enfant et de l’adolescent, le manque de coordination interministérielle (en dehors de quelques actions ciblées), et entre les différentes instances et agences (DGS, DHOS, HAS, InVS, etc.). Au niveau régional, le rapport souligne la superposition des instances de pilotage des plans et programmes nationaux, la difficulté des rares professionnels de santé (eux-mêmes souvent divisés) à exprimer leurs objectifs, et l’insuffisance de liens entre les niveaux national et régional. Le cloisonnement entre les structures ou leur fonctionnement souvent trop technocratique démotivent les acteurs de terrain, aggravent l’écart entre « sanitaire » et « social », entre santé publique au sens populationnel et prise en charge individuelle, entre prévention et soins.

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