Gastro-entérologie
Publié le 25 oct 2024Lecture 3 min
L’ESPGHAN à l’heure du Duomo - Comment prendre en charge le symptôme « fatigue » chez les patients suivis pour des maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI) ?
Sarah BAMBERGER, Neuilly-sur-Seine
Le symptôme « fatigue » est rapporté par 47 % des adultes et 10 à 30 % des enfants suivis pour MICI. Cette fatigue est le symptôme qui altère le plus la qualité de vie des patients. Il est important pour le médecin de savoir la repérer et la quantifier. Il n’existe toutefois pas d’échelle standardisée pour évaluer la fatigue. L’échelle IMPACT-III est une échelle de qualité de vie qui est souvent utilisée dans les études pédiatriques pour évaluer ce symptôme et son retentissement. Borren et al.(1) ont schématisé les facteurs pouvant participer à l’état de fatigue chez les patients MICI comme montré dans la figure 1.
• D’après la présentation de Marina Aloi (pediatric gastroenterogy and liver unit department of maternal and child Health Sopienza University of Rome) : « Fatigue in paediatric inflammatory bowel disease ; more than anaemia ? ».
Figure 1. Facteurs influençant la fatigue, selon Borren NZ et al.(1).
Dans la même étude(1), les auteurs constatent que 60 % des patients restent « fatigués » après 1 an de prise en charge par anti-TNF. Une étude, publiée en 2023(2), a analysé l’effet d’un programme hygiénodiététique (3 séances de sport individualisées par semaine et suivi diététique personnalisé) de 12 semaines sur la qualité de vie et la fatigue des patients. Les parents rapportaient une amélioration de la qualité de vie, une diminution de la fatigue, une meilleure endurance et une minoration de l’inflammation.
En 2016, Kreijine et al.(3) ont proposé d’évaluer systématiquement l’état de fatigue des patients à l’aide du « cycle de la fatigue » (figure 2) :
– évaluation de l’état de fatigue (« screening ») à chaque visite à l’aide d’une échelle visuelle (0-3 : fatigue légère ; 4-10 : fatigue modéré à sévère) ;
– évaluation des symptômes concomitants, traitables, pouvant expliquer la fatigue : inflammation, anémie, carence nutritionnelle, douleur, trouble du sommeil, facteurs psychologiques (stress, anxiété, dépression), effets secondaires des médicaments, niveau d’activité physique ;
– évaluation plus approfondie de la fatigue pour les patients ayant une fatigue modérée à sévère (échelle plus approfondie, impact sur la qualité de vie) ;
– conseils généraux pour lutter contre la fatigue : aménagement des activités au cours de la journée (alternance temps d’activité/temps plus calme), prioriser les événements importants, accepter cette notion de fatigue ;
– prise en charge non médicamenteuse : gestion du stress, activité physique régulière, soutien psychologique ;
– prise en charge médicamenteuse : peu de données dans la littérature (haute dose de thiamine ? anti-TNF ?) ;
– réévaluation régulière.
Figure 2. Cycles de la fatigure et son évaluation, d’après Kreijne et al.(3).
Au total, la fatigue est un symptôme fréquemment retrouvé chez les enfants suivis pour MICI, même lorsque leur maladie est en rémission. Ce symptôme altère de façon significative leur qualité de vie. Il est donc important de savoir la dépister et d’évaluer son retentissement sur leur quotidien. Après avoir exclu les causes « traitables » de fatigue (anémie, infections, autres carences nutritionnelles, troubles thymiques, etc.), l’aménagement du quotidien doit être réfléchi avec les familles.
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