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Infectiologie

Publié le 25 mar 2024Lecture 3 min

La phagothérapie revient en force,via l’accès compassionnel

Hélène JOUBERT, Paris

L'émergence de bactéries multirésistantes a relancé la phagothérapie, la sortant de l’oubli injuste où elle était reléguée, estime Alexandre Bleibtreu (Pitié-Salpêtrière, Paris) qui intervenait lors de la session sur les « Nouvelles stratégies anti-infectieuses ».

Les bactériophages, communément appelés phages, sont « des bons virus », dotés d’une tête, d’un collier, d’une queue et de pattes, ces dernières déterminant leur capacité à reconnaître des bactéries spécifiques. On distingue deux grandes catégories de phages : les phages lytiques et les phages lysogéniques. Les premiers, utilisés en thérapeutique, se caractérisent par leur incapacité à intégrer leur génome dans la bactérie hôte. Ils utilisent la machinerie bactérienne à leur avantage pour se reproduire et se multiplier. À la fin du cycle lytique, la bactérie éclate, libérant plusieurs dizaines de nouveaux phages identiques à l’original, prêts à s’attaquer à d’autres bactéries de la même espèce. En revanche, les phages lysogéniques, utilisés en biologie moléculaire, ont la propriété d’intégrer leur génome au chromosome bactérien. Par conséquent, ils sont employés pour des manipulations, telles que la délétion et l’insertion de gènes, notamment le transfert de gènes de résistance et de virulence. Le traitement phagique se démarque par sa rapidité exceptionnelle. Le processus, englobant la fixation sur la bactérie, l’injection du matériel génétique, la réplication, l’assemblage et la lyse bactérienne sous l’effet de la pression mécanique et de la sécrétion de lysines, se déroule en une séquence dynamique de 10 à plusieurs dizaines de minutes. Cette amplification, appelée « burst size », génère entre 30 à 300 phages.   Les phages lytiques, prédateurs naturels des bactéries   Pour A. Bleibtreu, si manipuler les phages à des fins thérapeutiques est promis à un bel avenir, en 2024 cela consiste essentiellement en de la « salvage thérapie » : de la phagothérapie compassionnelle, utilisée principalement pour des infections monobactériennes complexes avec des mécanismes de résistance. Dans ces cas, il existe souvent une notion de matériel étranger inextirpable (prothèse endobronchique, etc.) mais plus généralement des sites infectieux où la diffusion d’antibiotiques est problématique (cranialisation des sinus, endocardites sur prothèses aortiques, prothèses articulaires, etc.). Cette option est privilégiée lorsqu’aucune autre alternative n’existe, toujours en association à une antibiothérapie et, lorsque c’est possible, en pratiquant un drainage ou une réduction de l’inoculum. À l’heure actuelle en France, il est relativement facile d’accéder à des phages anti-Staphylococcus aureus et Pseudomonas aeruginosa. Un projet de « phagocenter » est en train de voir le jour à l’AP-HP et une RCP nationale pluridisciplinaire est en projet. En 2022, afin de permettre aux patients qui ne peuvent pas participer à un essai clinique d’accéder à la phagothérapie dans un cadre sécurisé, l’ANSM a autorisé désormais l’accès compassionnel à deux bactériophages anti-Staphylococcus aureus(PP1493 et PP1815), pour le traitement d’infections osseuses et ostéoarticulaires graves documentées à cette souche.

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