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Pédiatrie générale

Publié le 04 mai 2022Lecture 5 min

L’évolution des infections pédiatriques au décours de la pandémie de Covid

Denise CARO, Boulogne-Billancourt

Depuis deux ans, un nouveau virus, le SARS-CoV-2, a rempli les hôpitaux, induit une mortalité importante et imposé des mesures d’hygiène et de confinement inédites. Il est légitime de s’interroger sur les conséquences à court, moyen et long terme de cette pandémie sur les infections pédiatriques.

Depuis mars 2020, les périodes de confinement et les mesures de freinage de la transmission du SARS-CoV-2 ont suscité une baisse considérable de l’incidence des infections pédiatriques dans tous les pays. Or, habituellement à l’âge de 6 ans l’immense majorité des enfants a déjà été en contact une ou plu- sieurs fois (sans avoir forcément été malades) avec bon nombre de virus et bactéries, qui, contractés plus tard dans la vie, pourront occasionner des formes parfois plus sévères (varicelle, rotavirus) ou parfois moins (VRS, pneumocoque). S’ajoute à cela, un déficit des vaccinations pédiatrique durant la pandémie. Moins de contacts avec les agents infectieux durant l’enfance et un retard dans la réalisation du calendrier vaccinal constituent une dette immunitaire avec de possibles répercussions dans les mois et les années à venir(1). En France, le réseau PARI (Pédiatrie ambulatoire et recherche en infectiologie), qui surveille l’incidence des infections pédiatriques depuis de nombreuses années, offre une photographie de leur évolution depuis le début de la pandémie. Ainsi, depuis mars 2020, le nombre de grippes et d’infections à streptocoque du groupe A (SGA) s’est effondré et n’est pas encore remonté ; celui des varicelles a également chuté et commence à remonter sans atteindre son niveau d’avant 2020 ; les gastro-entérites et les otites, elles aussi en baisse au début de la pandémie, ont retrouvé leur niveau antérieur ; enfin cet hiver, les diagnostics de bronchiolites et d’infections à entérovirus sont plus nombreux qu’avant la pandémie(2-5). Les infections à pneumocoques Outre la baisse des infections virales, on enregistre depuis deux ans une forte chute des infections invasives à pneumocoques (IIP) en France(6) et dans de très nombreux pays(7). Deux raisons pourraient expliquer ce phénomène : d’une part, une moindre exposition aux pneumocoques par le portage ; d’autre part, l’effondrement de l’incidence de virus comme le VRS ou la grippe, susceptibles d’accroître la virulence du pneumocoque chez l'enfant(8,9). En revanche, il ne semble pas y avoir d’association entre les infections à SARS-CoV-2 et à pneumocoque(10). Plusieurs travaux se sont intéressés à la part de responsabilité du portage et des virus. Il apparaît que la baisse du portage enregistrée pendant la pandémie est modeste tant chez les enfants avec une otite moyenne aiguë (63 % des enfants en 2021 vs 70 % en 2001)(11) que chez les enfants sains(12). Des observations similaires ont été faites en Israël(13). Une très large part de la baisse des IIP semble donc due à l’effondrement des infections VRS et grippales enregistrées dans de nombreux pays, comme en témoignent les données françaises(14) et israéliennes(13). Une étude qui a cherché à quantifier la part de responsabilité des différents éléments dans cette baisse, estime que 53 % de la diminution des IIP est due à la chute de grippe, 40 % à celle du VRS et 3,8 % sont attribuables à la modification du portage(15). La remontée des pathologies virales à la fin de l’année 2021 fait craindre un rebond des pathologies à pneumocoques. Une plus large vaccination des enfants contre la grippe pourrait avoir un impact positif pour prévenir les IIP, tout comme la mise au point d’un vaccin anti-VRS. Les méningites à méningocoques À partir de mars 2020, comme pour la grippe, le VRS et le pneumocoque, on a noté un effondrement du nombre de cas de méningites dans de nombreux pays(7). En France, on fait le même constat avec une chute des courbes d’incidence à partir du 2e trimestre 2020 ; la baisse concerne tous les sérogroupes ; toutefois depuis la fin de 2021, on note une légère remontée de l’incidence sans atteindre les niveaux antérieurs. D’une façon générale, six sérogroupes (A, B, C, Y, W, X) circulent dans le monde avec des variations importantes selon les zones ; en Europe, on a essentiellement du méningocoque B et W, un peu de Y et très peu de C. Le sérogroupe B reste majoritaire dans toutes les tranches d’âge jusqu’à 64 ans ; les sérogroupes Y et W sont majoritaires chez les 65 ans et plus, mais ils sont présents chez les nourrissons de moins d’un an ; enfin, grâce à la vaccination, le sérogroupe C est maintenant absent chez les moins de 25 ans(16). Comme les autres vaccinations pédiatriques, celle contre la méningite C a pris du retard durant la pandémie (moins 20 % de 2e dose de vaccin à 12 mois), retard qui n'est toujours pas rattrapé(17). La vaccination contre la méningite B À côté des vaccins saccharidiques capsulaires, monovalents (C), tétravalents (ACWY) et d’un pentavalent (ACWYX) en développement, on dispose de deux vaccins contre le méningocoque B ; l’un, Bexsero®, disponible depuis 2013, comporte quatre variants à partir de quatre protéines différentes ; l’autre, Trumenba®, disponible depuis 2021, utilise deux variants d’une même protéine (fHBP) de Neisseria meningitidis, présente dans les sous-familles A et B et conservée dans pratiquement toutes les souches(18,19).  Bexsero® a reçu un accord de l’EMA en 2013 à partir de l’âge de 2 mois, et de la FDA en 2015 à partir de 10 ans ; le schéma vaccinal est de soit 2 doses espacées d’au moins deux mois, soit 3 doses espacées d’au moins un mois.  Trumenba®a reçu l’accord de la FDA en 2015 et de l’EMA en 2017 à partir de 10 ans. Deux schémas vaccinaux sont proposés : l’un avec 2 doses à 0 et 6 mois et un à 3 doses à 0,2 et 6 mois(19-22). La protection baisse dans le temps avec les deux vaccins ; l’immunogénicité est estimée à 4-5 ans après le schéma primaire pour le Trumenba®(23) et à 4 ans chez le nourrisson ou 7 ans chez l’adolescent pour Bexsero®(24,25). En France, Bexsero® couvre 85 % des souches de méningocoques B (2007-2008)(26) et Trumenba® 91 % (2000-2006)(27). Il semble que ces vaccins n’agissent pas sur le portage Bexsero® et Trumenba® ne sont pas interchangeables, les personnes qui ont commencé la vaccination avec l’un doivent la poursuivre avec le même vaccin. Dans le respect de leur AMM respective, il n’y a pas d’éléments permettant de privilégier le vaccin Trumenba®ou Bexsero® dans le cadre des présentes recommandations. Une recommandation préférentielle entre les deux vaccins pourrait être envisagée à l’occasion d’une situation d’hyper-endémie en relation avec une souche clonale hypervirulente qui ne serait couverte que par l’un des deux vaccins. D’après les interventions des Pr Robert Cohen (Saint-Maur-des-Fossés), Dr Corine Levy (Créteil) et Pr Muhamed-Kheir Taha (Institut Pasteur Paris), lors des 26es Rencontres de Pédiatrie Pratique (janvier 2022)

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