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Vaccinologie

Publié le 31 mai 2025Lecture 8 min

Calendrier vaccinal 2025 : mobilisation contre le méningocoque

Entretien avec François VIÉ LE SAGE, Aix-les-Bains - Réalisé par Gérard LAMBERT

Comme chaque année, la mise à jour du calendrier vaccinal amène son lot de changements et de nouveautés que tous les professionnels vaccinateurs, et en particulier les pédiatres, se doivent de connaître. À l'occasion de sa diffusion le 29 avril dernier(1), Pédiatrie Pratique a demandé à François Vié le Sage (Aix-les-Bains, membre du groupe d’expert Infovac en vaccinologie et coordinateur du groupe de recherche de la commission scientifique de l’AFPA) de nous en indiquer les principales évolutions.

Pédiatrie Pratique – Quelles sont, selon vous, les principales évolutions qui figurent dans le calendrier des vaccinations 2025 ? François Vié le Sage — La plupart étaient attendues car annoncées dans quelques textes parus en 2024. Le calendrier vaccinal 2025 marque un tournant majeur dans la prévention des infections invasives à méningocoque (Men) (encadré). En 2024, la vaccination contre le Men C était obligatoire chez le nourrisson (depuis 2018) et celle contre le Men B seulement recommandée. Avec le calendrier 2025, la vaccination contre le Men C est définitivement remplacée par celle contre les sérotypes ACWY. Tous les vaccins contre les cinq sérotypes (ACWY et B) deviennent obligatoires chez le nourrisson (cf. plus bas). Pour les adolescents et jeunes adultes, la vaccination contre les Men ACWY est recommandée aussi de 11 à 14 ans, avec un rattrapage possible jusqu’à 24 ans. Quant à la vaccination contre le sérotype B, elle « peut être proposée » (et remboursée) entre 15 et 24 ans « pour ceux qui le désirent ». On peut noter que des incertitudes ont émaillé les discussions autour du méningocoque, en particulier sur les limites d’âge de l’obligation vaccinale. Le débat a été tranché et les termes utilisés ont été clairement définis : le nouveau-né couvre la période de la vie allant de 0 à 28 jours ; le nourrisson celle de 29 jours à 23 mois ; et l’enfant de 2 ans à 18 ans.   Pédiatrie Pratique — En quoi ces modifications étaient-elles attendues ? F. Vié le Sage — Si la méningite est une maladie rare, ses conséquences peuvent être dramatiques, tant en termes de mortalité que de morbidité en raison des séquelles potentielles. Or, entre 2022 et 2023, le nombre d’infections invasives à méningocoque (IIM) en France a augmenté de 72 % et l’analyse des sérotypes en cause a révélé une évolution du paysage épidémiologique avec une prédominance du Men B, mais surtout une très forte augmentation des IIM W (x 2,5 par rapport à 2022) et Y (x 1,7), les C étant devenues rares grâce à l'obligation en 2018 et l'augmentation de la couverture vaccinale qui s'en est suivie(2). Le début de l’année 2025 a également été marqué par un nombre d’IIM particulièrement élevé avec 95 cas déclarés au mois de janvier et 89 en février. Le risque épidémique n’était pas absent, puisque deux clusters d’IIM B ont été identifiés, à Rennes en décembre 2024 et chez des étudiants à Lyon en janvier 2025, nécessitant des campagnes de vaccination(3). Au regard de ces données épidémiologiques, la Haute Autorité de santé (HAS) a publié le 18 mars de nouvelles recommandations vaccinales qui ont été étendues ensuite, en avril, par le ministre de la Santé(4,5).   Pédiatrie Pratique — Concrètement, quel est le schéma vaccinal contre le méningocoque chez le nourrisson ? F. Vié le Sage — La première dose de la vaccination ACWY doit être administrée à 6 mois (et non 5 mois comme avec Neisvac®), avec un rappel à 12 mois. Seul Nimenrix® a l’AMM avant 1 an actuellement. Menquadfi® peut aussi être utilisé pour la 2e dose de 12 mois. L’obligation est étendue jusqu’à 24 mois, ce qui suppose un rattrapage entre 12 et 24 mois si l’enfant ne l’a pas reçu avant. Pour le sérotype B, qui est devenu aussi obligatoire, la première dose est délivrée à 3 mois, la deuxième à 5 mois et le rappel intervient à 12 mois. Seul Bexsero® a l’AMM à cet âge. Le rattrapage doit être fait d’après le calendrier vaccinal jusqu’à 24 mois. Provisoirement, les âges de rattrapages ont cependant été étendus jusqu’à 4 ans révolu (5 ans moins 1 jour).   Pédiatrie Pratique — Pouvez-vous préciser les protocoles de rattrapage pour ceux qui n’ont pas reçu les vaccinations ACWY et B avant 2025 ? F. Vié le Sage — D’abord, il faut souligner que rattrapage veut dire « remboursé » par la Sécurité sociale même si la date d’une dose de rattrapage dépasse l’âge « obligatoire » ou recommandé. Par exemple, un nouveau-né qui a eu une 1re dose à 18 mois puis une 2e à 22 mois, doit avoir un rappel 6 mois à 1 an après cette dernière, par exemple à 32 mois. Celle-ci sera remboursée même si la recommandation est limitée à 24 mois dans le calendrier. Ensuite, en tenant compte de la situation actuelle, les recommandations d'extension de l'âge de rattrapage s’appliquent mais sont provisoires et ne figurent ainsi pas dans le nouveau calendrier vaccinal. Cela peut entraîner quelques confusions. Elles ont d’abord été précisées dans le communiqué de presse de la HAS du 18 mars(4), puis confirmées et étendues par Yannick Neuder, ministre chargé de la santé et de l’accès aux soins de la santé, dans un communiqué de presse du 24 avril(5). Le message principal est le suivant : afin de mieux protéger les nourrissons et les enfants, ainsi que d’éviter tout début d’épidémie, un rattrapage est donc recommandé provisoirement jusqu’à 4 ans révolus (5 ans moins 1 jour) pour la vaccination contre les sérotypes ACWY et B.   Pédiatrie Pratique — Qu’en est-il chez l’adolescent ? F. Vié le Sage — Chez l’adolescent et le jeune adulte, la vaccination est fortement recommandée pour Men ACWY et conseillée pour Men B, mais elle n’est pas obligatoire. Un rattrapage est possible jusqu’à l’âge de 24 ans pour les deux vaccins.   Pédiatrie Pratique — Une autre bactérie pose des problèmes par la diversité de ses sérotypes, c’est le pneumocoque. Que dit le calendrier 2025 pour la prévention des infections invasives à pneumocoque (IIP) ? F. Vié le Sage — Le calendrier 2024 avait été marqué par l’introduction du PCV-15 chez le nourrisson et du 20-valent chez l’adulte à risque (> 18 ans). En 2025, le PCV20 est désormais recommandé aussi chez toutes les personnes âgées de plus de 65 ans. Nous attendons avec impatience sa recommandation pour les enfants de moins de 18 ans à risque, voire un schéma en population générale pour les nourrissons. Ceci serait conforme à l’AMM et, en particulier pour les sujets à risque comme les drépanocytaires, dans le sens des recommandations des sociétés savantes d’infectiologie et de pédiatrie (cf. en particulier le texte de la MCGRE, filière de santé maladies constitutionnelles rares du globule rouge et de l’érythropoïèse[6]).   Pédiatrie Pratique — Quelles autres évolutions avez-vous relevé dans cette actualisation 2025 du calendrier ? F. Vié le Sage — Il faut saluer l’arrivée de la vaccination contre le VRS chez la femme enceinte entre 32 et 36 SA, qui est une alternative à l’immunisation du nouveau-né par le nirsévimab. À propos de la vaccination de la femme enceinte, l'importance de celle contre la coqueluche entre 20 et 36 SA est rappelée dans le calendrier vaccinal, l'année 2024 ayant été marquée par la plus importante épidémie que nous ayons connu depuis deux décennies(7). Les femmes doivent être vaccinées à chaque grossesse. Par ailleurs, dans ce contexte sanitaire tendu, comme c’est le cas depuis mars 2024 et avec des chiffres qui restaient élevés bien après la période estivale(8), un rappel est recommandé lorsque la vaccination date de plus 5 ans pour l’entourage des nouveau-nés et nourrissons, ainsi que pour le personnel soignant en contact avec des personnes à risque de contracter une forme grave. Cette recommandation a été émise par la HAS en juillet 2024(9), pratiquement au moment du pic épidémique et est maintenue dans le calendrier vaccinal. Il faut également souligner que la HAS a recommandé, dans une note de cadrage datée du mardi 13 mai(10), l’élargissement du rattrapage de la vaccination contre le papillomavirus (HPV) jusqu’à 26 ans, à la fois pour les hommes et pour les femmes. Jusqu’à présent le vaccin était pris en charge pour les deux sexes entre 15 et 19 ans et jusqu’à 26 ans pour les immunodéprimés et les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes. Si vacciner tôt reste l’objectif prioritaire, cet élargissement attendu répond aux préconisations de l’Académie de médecine, ainsi que de plusieurs sociétés savantes et associations.   Pédiatrie Pratique — Il existe également depuis quelques années une recrudescence des cas de rougeole enregistrée dans toute l’Europe, ainsi que sur d’autres continents. La mise à jour tient-elle compte de cette situation ? F. Vié le Sage — Oui, mais le seul changement est la recommandation d’une dose de rappel chez toutes personnes nées après 1980 et ayant eu une première dose avant l’âge de 1 an. En fait, le vrai problème est que ces recommandations déjà anciennes sont efficaces mais pas assez appliquées : la couverture vaccinale (CV) est toujours insuffisante. Les cas sont majoritairement des sujets non ou mal vaccinés et des déficits immunitaires. Il faudrait une CV deux doses atteignant au moins 95 %.   Pédiatrie Pratique — Avez-vous relevé des modifications signifiantes pour les adultes et les personnes âgées ? F. Vié le Sage — La recommandation de la vaccination contre le pneumocoque par le PCV-20 est confirmée pour les sujets à risque dès l’âge de 18 ans et étendue à l’ensemble des personnes âgées de plus de 65 ans. L’autre changement significatif confirmé par ce calendrier est l’usage du nouveau vaccin contre le zona, Shingrix®. Ce vaccin non vivant, conjugué peut en effet être administré aux sujets porteurs de déficit immunitaire et aux sujets âgés. L’ancien vaccin vivant Zostavax® doit donc être abandonné. La vaccination contre le zona est recommandée chez les 65 ans et plus, ainsi que les personnes immunodéprimées âgées de plus de 18 ans.   Pédiatrie Pratique — Une épidémie de dengue a frappé les Antilles et une autre de chikungunya sévit actuellement à la Réunion. Que recommande la mouture 2025 du calendrier sur ces sujets ? F. Vié le Sage — Pour les Antilles et la Guyane, la vaccination contre la dengue (Qdenga®) est recommandée chez les enfants de 6 à 16 ans ayant un antécédent documenté de dengue et chez les adultes de 17 à 60 ans présentant des comorbidités. Pour la réunion, malgré le contexte épidémique, le vaccin contre le chikungunya n’est plus, depuis peu, recommandé chez les plus de 65 ans, car des effets indésirables graves ont été rapportés. Cette limitation est bien sûr en attente de données plus importantes. Propos recueillis par G. LAMBERT

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