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Néonatologie

Publié le 06 fév 2023Lecture 8 min

Retour sur les Journées francophones de recherche en néonatologie

Mathilde LETOUZEY, Poissy

Depuis quelques années les Journées Francophones de Recherche en Néonatologie (JFRN) sont devenues le congrès officiel de la Société française de néonatologie. Pédiatrie Pratique se devait donc d’être présent à cette 27e édition au sein de laquelle Mathilde Letouzey (Poissy) a sélectionné quelques communications marquantes.

Les courbes de croissance : lesquelles utiliser en anténatal et en postnatal ? • D’après Les communications de J. Zeitlin (Paris), C. Vayssière (Toulouse) et G. Gascoin (Toulouse)   Deux types de courbes de croissance existent : les courbes descriptives (ou de référence) réalisées à partir des données d’une population peu ou pas sélectionnée (en dehors de l’exclusion des enfants mort-nés, porteurs d’anomalies congénitales ou issus de grossesse multiple) et les courbes prescriptives (ou standardisées), établies dans des populations de femmes enceintes ou d’enfants en bonne santé permettant de représenter une croissance « idéale ». Du côté obstétrical, le choix d’une courbe de croissance adaptée à la population dépistée est primordial puisque celle-ci permet d’identifier les foetus avec des anomalies de croissance (ralentissement, cassure ou arrêt de croissance). Le petit poids pour l’âge gestationnel (PAG) est défini par un poids fœtal inférieur au 10e percentile. Or le PAG est associé à un excès de mort fœtale in utero et de morbidité néonatale et ce d’autant plus qu’il n’est pas dépisté. La cassure de la croissance fœtale, associée à des anomalies Doppler et des anomalies du rythme cardiaque fœtal, est un outil pour la décision d’extraction. Les courbes prescriptives d’estimation du poids fœtal ajustée sur le sexe de l’Organisation Mondiale de la santé ont été choisies en raison de leur bonne capacité de dépistage dans la population française. Du côté néonatal, les courbes de Fenton ont été retenues pour les mensurations à la naissance puis pour l’évaluation de la croissance postnatale de la naissance jusqu’à un mois d’âge corrigé, que l’enfant soit prématuré ou à terme. Un calculateur est disponible sur le site de la Société française de néonatologie.   Voix et musique en néonatologie : le prématuré a-t-il un cerveau compétent ? • D’après une communication de P. Huppi (Genève, Suisse)   La prématurité a un effet sur le développement cérébral frontal et limbique, qui sont des zones liées à la gestion des émotions. Il est primordial de différencier dans les unités de néonatologie l’exposition au bruit (augmentation du rythme cardiaque et de la fréquence respiratoire, désaturation) et l’exposition à la musique. Dans ces unités, les enfants ont peu de stimulations auditives positives contrairement à la période in utero (voix de la mère, sons provenant de l’environnement, de la famille ou de la musique écoutée). Les enfants qui sont hospitalisés dans une chambre seule semblent présenter des zones cérébrales auditives moins développées que ceux ayant des chambres partagées. Même dans les unités certifiées NIDCAP, les parents ne sont présents que 4 heures en moyenne par jour. L’équipe de Petra Huppi à Genève (Suisse) a donc mis au point des interventions pour mesurer l’effet de la musique sur le développement cérébral des enfants. Trois musiques instrumentales au rythme lent ont été composées, adaptées à son état de veille ou de sommeil : une pour l’accompagnement au réveil, une pour l’endormissement et une pour les phases d’éveil. Dans leurs études, l’exposition à la musique a commencé à partir de 32 SA, puisqu’avant ce terme les enfants ont souvent besoin de ventilation non invasive, qui est bruyante. De nombreuses questions restent en suspens, notamment sur les effets à long terme, et ne permettent pas aujourd’hui de recommander cette pratique dans nos unités.   Les corticoïdes dans tous leurs états • D’après les communications de T. Schmitz (Paris), O. Baud (Genève) et P.-H. Jarreau (Paris)   La corticothérapie anténatale est largement administrée en France en raison de la diminution de mortalité, d’hémorragie intraventriculaire et d’entérocolite ulcéro-nécrosante. En revanche, la dose minimale efficace n’est pas connue et la proportion d’enfants exposés ne cesse d’augmenter sans que les éventuels effets à long terme soient connus. L’essai BETADOSE, incluant des femmes en menace d’accouchement prématuré avant 32 SA, n’a pas mis en évidence de non-infériorité d’une seule injection de bétaméthasone versus deux injections actuellement recommandées. Cette étude a permis de mettre en lumière les difficultés des praticiens à prédire l’accouchement prématuré : 40 % des femmes incluses ont accouché après 37 SA et seulement 16 % des enfants sont nés dans les 7 jours suivant l’injection, période pendant laquelle l’efficacité des corticoïdes est maximale. En postnatal, différentes administrations de corticoïdes sont possibles, notamment en prévention de la dysplasie bronchopulmonaire. Par voie systémique tout d’abord, d’après les résultats de l’étude Premiloc, dans laquelle l’administration d’hydrocortisone précoce (avant H24) et quotidienne pendant 10 jours a été évaluée chez les nouveau-nés nés entre 24 et 27 SA. Dans cette étude, la survie sans dysplasie bronchopulmonaire était améliorée mais les taux de perforation intestinale spontanée et d’infections tardives étaient augmentés. Les données sur le neurodéveloppement à l’âge de 2 et 5 ans sont rassurantes. En revanche, l’administration de corticoïdes par voie inhalée n’est pas recommandée dans le traitement ou la prévention de la dysplasie bronchopulmonaire.   Les bases de données néonatales : quel avenir en France ? • D’après les communications de P.-Y. Ancel (Paris), J. (Nancy), D. Semama (Dijon)   Trois types de données ont été présentés. Tout d’abord, les données observationnelles avec les cohortes. Ce sont des outils adaptés pour tester des hypothèses spécifiques et complexes, à condition de les enrichir en les appariant aux bases de données existantes (comme le SNDS - Système national des données de santé), de les financer et de les accompagner par des structures support d’aide à la recherche. Les essais contrôlés randomisés restent la référence pour l’évaluation de nouvelles thérapeutiques mais les études observationnelles sont une alternative quand une prise en charge est déjà mise en place. Des données peuvent également être obtenues à partir du PMSI (Programme de médicalisation des systèmes d’information), cet outil de financement des établissements de santé étant l’une des briques du SNDS. Un résumé de séjour est disponible pour toutes les hospitalisations avec une grande exhaustivité mais certaines informations précises sont manquantes. Ces données sont déjà utilisées à visée épidémiologique, notamment pour l’étude EURO-PERISTAT conduite au niveau européen, mais aussi pour décrire la mortinatalité en France. Enfin, l’exemple de la région Bourgogne a été présenté puisqu’elle dispose de données de routine collectées depuis l’année 2000 : 45 indicateurs pour la mère et 19 indicateurs pour les nouveau-nés sont recueillis au quotidien. En effet, depuis 2017, ces données de routine sont colligées dans le registre de naissance informatisé de cette région.   La corticothérapie systémique en réanimation néonatale : état des lieux en France • D’après la communication d’A. Nuytten (Lille)   Des recommandations européennes sur l’administration de corticothérapie systémique existent (publiées par David G. Sweet. Neonatology 2019) : administration possible chez l’enfant intubé, après 1 à 2 semaines de vie, en privilégiant la dexaméthasone à dose faible et en cure courte. Malgré ces recommandations, les pratiques varient de façon importante selon les pays et les unités. Lors d’une enquête auprès d’unités de soins intensifs de néonatologie de 14 pays européens en 2000, 77 % des unités utilisaient des corticoïdes en postnatal dans la prise en charge de la dysplasie bronchopulmonaire, de la dexaméthasone en large majorité. En France en 2006, 57 % des unités utilisaient cette corticothérapie, mais la bétaméthasone était largement utilisée. D’après les données de la cohorte EPIPAGE-2 (2011), il existe une grande hétérogénéité des pratiques selon l’âge gestationnel (6 % de corticothérapie systématique pour les 24-32 SA mais 24 % pour les 24-26 SA) et les régions. Ces variations sont également observables au niveau européen à partir de l’étude de cohorte EPICE : 14 % des enfants nés entre 24 et 30 SA recevaient des corticoïdes, 36 % de la dexaméthasone, 34 % de l’hydrocortisone et 24 % de la bétaméthasone. Selon les régions, le taux de corticothérapie systémique variait de 3 à 49 %. La probabilité de recevoir une corticothérapie systémique dépend de facteurs individuels comme le sexe masculin, la ventilation invasive, le retard de croissance intra-utérin ou le traitement du canal artériel par AINS, mais ces facteurs individuels ne permettent pas d’expliquer l’ensemble des différences de traitement. Les habitudes des services jouent un rôle important dans les taux de corticothérapie systémiques administrés.   Formation initiale et continue : apport de la simulation • D’après les communications de L. Benguigui (Lyon), H. Rostoker (Paris) et S. Simon (Strasbourg)   Au cours de ce congrès, plusieurs communications ont mis en évidence l’apport de la simulation dans la formation initiale et continue. En salle de naissance, une amélioration des compétences techniques a pu être constatée grâce à l’utilisation d’une aide cognitive sur une application pour smartphone (Medical Assistant Expert) rappelant les étapes clés de la réanimation du nouveau-né. Les utilisateurs ont rapporté une meilleure gestion du stress et du temps grâce à cet outil, même si les compétences non techniques évaluées n’étaient pas modifiées. Une échelle d’évaluation de l’administration de surfactant par la méthode LISA a pu être développée à l’aide d’un processus Delphi et validée en simulation. Une fois approuvée, cette grille a pu être transformée en checklist, utilisable en pratique clinique quotidienne. Un accompagnement des internes pendant leur stage en réanimation néonatale a été également présenté, avec un suivi rapproché des gestes réalisés pendant le stage, notamment intubation ou pose de cathéter veineux ombilical. Parmi les internes évalués, 60 % d’entre eux se considéraient à l’aise pour l’intubation et 100 % pour la pose du cathéter veineux ombilical. Le remplissage par les internes d’un tableau recensant les gestes réalisés a eu un impact motivationnel au cours de leur stage et a permis de suivre l’acquisition de leurs compétences pendant leur semestre. JFRN (8-9 décembre 2022)

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