publicité
Facebook Facebook Facebook Partager

Symposium

Publié le 13 oct 2022Lecture 5 min

Comment protéger les nourrissons de façon optimale vis-à-vis des infections ?

Denise CARO, Boulogne-Billancourt

-

Les gastro-entérites à rotavirus À l’âge de 2 ans, 100 % des enfants ont eu une ou plusieurs gastro-entérites à rotavirus(1). Exceptionnellement mortelle, cette infection peut être sévère et nécessiter une hospitalisation. Ainsi, 95 % des formes graves surviennent lors du premier contact de l’enfant avec le virus(1). Le fait de vivre dans un milieu défavorisé augmente le risque d’infection sévère(2). Les gastro-entérites à rotavirus pèsent d’autant plus lourd sur le système de soins, qu’elles surviennent en même temps que les épidémies de bronchiolites et de grippe. Par ailleurs, responsables d’infections nosocomiales, elles allongent la durée d’hospitalisation(3). La situation qui était déjà compliquée avant la pandémie de la Covid, l’est plus encore après, avec la saturation des services d’urgence et une surcharge d’activités des pédiatres et des médecins généralistes. Autre conséquence de la Covid, la baisse du nombre de gastroentérites liée au confinement et aux règles d’hygiène strictes en 2020, a été suivie d’un rebond en 2021 (données du réseau PARI). Les enfants qui n’ont pas été en contact avec ce virus en 2020, l’ont été l’hiver suivant, en même temps que les nourrissons de 2021. On ignore comment la situation évoluera en 2022. L’efficacité de la vaccination Or, il est possible de prévenir les formes graves par la vaccination. Celle-ci diminue de 80 à 90 % les hospitalisations et de 68 à 75 % les consultations ambu - latoires pour cause de gastroentérites à rotavirus(4). Elle réduit de 94 % les consultations aux urgences(5). Enfin, elle réduit les inégalités sociales vis-à-vis des infections à rotavirus(6). Comme tout vaccin, elle peut avoir des effets collatéraux, délétères ou bénéfiques. Ainsi, la vaccination contre le rotavirus réduit significativement le risque de convulsions fébriles ; elle semble aussi diminuer le risque de diabète de type 1 et de maladie coeliaque, hypothèses à confirmer. À l’inverse, elle peut être responsable de diarrhée, de vomissements ou de déshydratation(7). Quant au risque d’invagination intestinale aiguë dans la semaine qui suit la vaccination, il reste très limité (1 à 6 cas d’invaginations pour 100 000 nourrissons(8)) et le nombre total d’invaginations aiguës durant la première année de vie n’augmente pas chez les sujets vaccinés(8), il diminuerait même de 20 % d’après une étude an glaise(9). Bien que très faible, ce risque d’invagination post-vaccinal doit être connu. Les parents doivent être prévenus de la nécessité de consulter rapidement, si dans les 7 jours qui suivent la vaccination, l’enfant vomit, refuse de s’alimenter, a du sang dans les selles ou pleure de façon inhabituelle. Au moindre doute, on fera une échographie. Les infections invasives bactériennes Autre sujet de préoccupation, les infections invasives bactériennes, souvent qualifiées de façon réductrice de méningites, sont des maladies sévères potentiellement mortelles et responsables de lourdes séquelles. Elles sont dues à 4 agents principaux : le méningocoque, le pneumocoque, Hæmophilus influenzæ et le streptocoque du groupe B. En 2021, l’OMS a lancé sa première feuille de route pour vaincre les méningites à l’horizon de 2030 ; elle a fixé trois objectifs : éliminer l’épidémie de méningites bactériennes, réduire le nombre de cas et de décès dus à celles pour lesquelles il existe un vaccin, et réduire le handicap consécutif à la maladie(10). D’après une étude cas-témoin s’appuyant sur les données du système national d’information inter-régimes de l’Assurance maladie (SNIIRAM) entre 2012 et 2017, la méningite à méningocoque a été responsable de 13 % de décès (dont deux tiers à l’hôpital) et de lourdes séquelles chez un quart des survivants (amputations, séquelles neurologiques, déficits sensoriels ou autres) avec une espérance de vie sensiblement réduite(11-13). Certains facteurs de risque de faire une maladie sévère sont connus et inscrits dans les recommandations vaccinales ; ce sont les déficiences immunitaires congénitales ou acquises, les asplénies ou hyposplénies. D’autres sont aujourd’hui bien identifiés mais ne figurent pas encore dans les calendriers vaccinaux ; c’est le cas de l’hémophilie, des maladies respiratoires, de la prématurité, sans oublier le bas niveau de revenus (bénéficiaires de la CMU-C)(14). Le poids de la précarité est particulièrement important chez les enfants de moins d’un an(13). Ces nourrissons risquent de ne pas pouvoir bénéficier d’un vaccin disponible mais non remboursé ; c’est le cas de la vaccination contre le méningocoque B en France(12). Après une baisse, un rebond post-Covid À noter que les mesures de confinement ont entraîné, en 2020 et 2021, une baisse des infections invasives à méningocoques, pour tous les sérotypes et dans toutes les tranches d’âge. Toutefois, les cas commencent à réaugmenter chez les moins d’un an. La réduction du nombre de cas pourrait avoir été associée à une baisse de l’immunité naturelle ; ce qui fait craindre un rebond. Celui-ci semble arriver plus vite qu’on ne le pensait ; dès l’automne 2021 concernant le méningocoque B, mais aussi Y et W ; on enregistre même de nouveaux cas de méningocoque C(15). Actuellement, le sérogroupe B est majoritaire jusqu’à l’âge de 25 ans et reste important au-delà de cet âge même. Or il n’existe pas de recommandations de vaccination spécifiques en dehors des personnes à risque(15,13). Des observations similaires sont faites concernant les infections invasives à Hæmophilus Influenzæ ; tous les sérotypes ont chuté de façon importante à partir de mars 2020, suivi d’un rebond rapide dès l’automne 2021. L’élévation du nombre d’infections à Hæmophilus Influenzæ B a débuté précocement et reste à un niveau élevé en 2021 malgré la vaccination. Les moins d’un an et les moins de 5 ans sont les plus touchés par ce phénomène(15). Dans l’avenir, les schémas des vaccins disponibles recommandés devront être optimisés en tenant compte des tranches d’âge touchées et du risque que fait courir la précarité.

Attention, pour des raisons réglementaires ce site est réservé aux professionnels de santé.

pour voir la suite, inscrivez-vous gratuitement.

Si vous êtes déjà inscrit,
connectez vous :

Si vous n'êtes pas encore inscrit au site,
inscrivez-vous gratuitement :

Version PDF

Articles sur le même thème