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Congrès

Publié le 11 oct 2022Lecture 3 min

La phobie des graisses, un vrai danger pour l’enfant

Denise CARO, Boulogne-Billancourt
La phobie des graisses, un vrai danger pour l’enfant

Le congrès de la SFP, ou plus exactement le congrès des sociétés, s’est tenu début juin à Lille. Comme tous les 4 ans il réunissait outre la Société française de pédiatrie, l’Association française des pédiatres ambulatoires (AFPA R&D) et différentes sociétés de spécialités pédiatriques qui ne dépendent pas de la SFP. Un congrès quadriennal et intégral dont nos envoyés spéciaux ont retenu quelques communications marquantes.

L'enfant a besoin de davantage de lipides que l’adulte et a, contrairement à celui-ci, un risque de carence quantitative et qualitative. Il faut informer les parents des dangers d’un régime trop pauvre en graisses. Entre 0 et 6 mois, les lipides doivent représenter 50 à 55 % des apports énergétiques (AE) ; entre 6 et 12 mois, 45 à 50 % et à l’âge adulte, 35 à 40 %. Le lait maternel est la référence, sa teneur en lipides est en moyenne de 4 g/100 mL (soit 53 % AE). Les laits infantiles en contiennent 3,4 g/100 mL (soit 46 % AE). Les jus végétaux, pauvres en lipides (riz 1 g ; soja 2,1g ; amande 2,6 g et noisette 2,4 g), sont totalement inadaptés au nourrisson. Or, on est loin d’atteindre les niveaux recommandés : selon une étude de 2013, 90 % des enfants de 0 à 3 ans ont des apports en lipides inférieurs aux normes fixées par l’EFSA(1). Par ailleurs, l’étude EDEN a montré que moins de 5 % des nourrissons de 8 mois non allaités ont une consommation de lipides > 40 % AE(2). Les phospholipides apportent l’énergie, structurent les membranes cellulaires et le système nerveux central ; le cholestérol est un précurseur de acides biliaires, des hormones surrénaliennes et de la vitamine D. Un régime pauvre en graisses chez l’enfant est responsable d’un retard staturopondéral, d’un déséquilibre entre lipides et glucides et d’une mauvaise absorption des vitamines liposolubles (ADKE). Supplémentation en acides gras essentiels Outre une quantité de lipides insuffisante, les besoins qualitatifs ne sont pas couverts. Cela con - cerne principalement les acides gras essentiels : acide linoléique (18:2n-6), précurseur de l’ARA (acide arachidonique) puis de l’AG 22:5n-6 et l’acide alpha-linolénique (18:3n-3) précurseur de l’EPA (eicosapentaénoïque), puis du DHA (docosahexaénoïque). Entre 0 et 3 ans, l’acide linoléique (LA) doit représenter 2,7 % AE et l’acide alpha-linolénique (ALA) 0,45 % AE ; de 3 à 18 ans, les besoins diminuent, les AE sont respectivement de 4 % et devraient être à 1 % à ces âges. De 0 à 6 mois, l’ARA doit représenter 0,5 % des acides gras totaux et le DHA 0,32 %. L’apport d’EPA doit être inférieur à celui de DHA. Le DHA et l’ARA participent à la formation du cerveau et la myélinisation, ainsi qu’à la production de neurotransmetteurs. Le DHA est indispensable au développement du cortex préfrontal impliqué dans l’attention, l’inhibition et l’impulsivité. Présent dans les membranes cellulaires, il influence les voies de signalisation cellulaires (bâtonnets dans la rétine) et active les PPAR (Peroxisome Proliferator- Activated Receptors) et les récepteurs couplés au protéines G(3). L’ARA, par l’intermédiaire des prostaglandines et des leucotriènes, joue un rôle dans l’agrégation plaquettaire, la vasomotricité, la bronchodilatation et la réponse immunitaire(4). Une supplémentation en DHA améliore l’acuité visuelle à 12 mois(5). Elle permet un meilleur développement mental et du langage dès les premières semaines de vie(6). L’apport en AGPI-LC (acide gras polyinsaturé à longue chaîne) améliore les performances intellectuelles à l’âge de 6 ans (QI verbal, QI performances, vitesse d’exécution et échelle globale de QI)(7). L’apport de DHA et d’ARA est plus efficace que celui de DHA seul(8). Ainsi pour couvrir les besoins de l’enfant, il faut : privilégier l’allaitement maternel, ou à défaut les laits infantiles enrichis en DHA et ARA, ajouter systématiquement des matières grasses (y compris dans les pots de purée infantiles) dès la diversification alimentaire et donner du poisson 1 à 2 fois par semaine (dont un poisson gras). Les aliments allégés en graisse et les indications du Nutriscore ne sont pas adaptés à l’enfant.

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