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COVID-19

Publié le 21 oct 2021Lecture 5 min

L’enfant et le variant Delta : que faut-il retenir de l’épidémiologie estivale ?

Interview de François ANGOULVANT, hôpital Robert Debré, Paris
L’enfant et le variant Delta : que faut-il retenir de l’épidémiologie estivale ?

En incitant à l’adoption de nouvelles mesures sanitaires, le variant Delta du SARS-CoV-2 a perturbé les vacances des Français. Alors que sa contagiosité accrue chez l’adulte est démontrée et que des arguments semblent plaider en faveur d’une plus grande virulence, qu’en est-il de sa transmission et de sa dangerosité chez les enfants ? Les réponses de François Angoulvant (hôpital Robert Debré, Paris).

Pédiatrie Pratique – Après le rebond épidémique de l’été, que peut-on dire de la fréquence des infections par le variant Delta du SARS-CoV-2 chez les enfants ? François Angoulvant – La fréquence de la contamination chez les enfants suit ce qui est observé dans la population générale, cela n’a pas changé depuis le début de la pandémie, et ce quel que soit le variant. La différence c’est que la recrudescence des cas chez les enfants survient toujours après leur augmentation chez les adultes, chez eux la dynamique de l’épidémie est secondaire. Par ailleurs, le virus circule toujours moins chez les plus jeunes que dans le reste de la population. Il faut cependant distinguer différentes tranches d’âge : les adolescents sont autant contaminés que les adultes jeunes, tandis que les tranches d’âge inférieures le sont moins, en particulier en-dessous de 6 ans. Pédiatrie Pratique – Qu’en est-il de la gravité de l’infection par le variant Delta chez l’enfant ? F. Angoulvant – Contrairement à ce qui est observé chez l’adulte, nous ne disposons d’aucun élément qui cautionnerait l’hypothèse d’une virulence accrue chez l’enfant. Dans cette classe d’âge, les taux d’hospitalisation ne représentent que le dixième de ceux observés chez l’adulte jeune. Concrètement, cela veut dire qu’on a beaucoup plus de risques d’être hospitalisé quand on a 25 ans que lorsqu’on en a 6. Et ce constat est à la fois vrai pour les hospitalisations comme pour les admissions en réanimation. Au-delà de la France métropolitaine, les chiffres de Santé Public France montrent que les contaminations ont été très nombreuses chez l’enfant en Guadeloupe et en Martinique, mais que les admissions en soins intensifs ont été extrêmement faibles. Enfin, il faut préciser que la notion de sévérité chez l’enfant renvoie à trois situations : l’infection aiguë sévère avec atteinte respiratoire, essentiellement chez des enfants ayant des comorbidités ; les PIMS dont on connaît la gravité dans certains cas ; les prématurés nés de mères ayant contracté un Covid-19 pendant la grossesse avec nécessité de césarienne pour sauvetage maternel. Le plus souvent ces enfants sont Covid-négatifs, mais ils présentent toutes les complications de la grande prématurité. Pédiatrie Pratique – Qu’en est-il de la situation à l’étranger, on pense notamment aux États-Unis, et plus particulièrement à la Floride et la Nouvelle-Orléans ? F. Angoulvant – J’ai échangé avec mes collègues anglais, italiens et espagnols, et il s’avère que leurs données vont dans le même sens que les nôtres. Pour ce qui est des États-Unis, il faut souligner l’hétérogénéité de la situation en Amérique du Nord au regard de la couverture vaccinale et du respect ou non des gestes barrières. Dans son rapport du 3 septembre, le CDC décrit aux États-Unis des taux d’hospitalisation chez l’enfant 3 à 4 fois plus élevés dans les états avec la plus faible couverture vaccinale(1). En comparaison, la France présentait au cours de l’été des conditions globalement homogènes, le taux de vaccination variant au plus de 10 % d’un département à l’autre. Dans les régions d’Outre-Atlantique où la situation était comparable à la nôtre, il n’y a eu aucun signal pédiatrique. Par exemple, au cours de la dernière semaine d’août, il n’y avait aucun enfant hospitalisé en soins intensifs au Québec, comme me l’a confirmé un confrère qui travaille en réanimation pédiatrique à Montréal. Pédiatrie Pratique – Après un été marqué par une quatrième vague, faut-il s’attendre, avec le décalage temporel habituel, à une augmentation du nombre de cas de PIMS ? F. Angoulvant – Au 22 août, 565 cas de PIMS (voir information de la HAS, ci-dessous) avaient été déclarés à Santé Public France depuis le début de l’épidémie. Pour l’instant, nous n’avons pas de signe d’un accroissement de leur nombre, mais nous restons vigilants car, comme vous l’avez dit, ces syndromes sont décalés dans le temps par rapport aux contaminations mais aussi parce que la présentation de ces PIMS pourraient évoluer en fonction du type de variant. Pédiatrie Pratique – En cette période de rentrée, quelles sont, selon vous, les mesures les plus importantes pour protéger les enfants ? F. Angoulvant – À l’heure actuelle, très peu d’enfants sont hospitalisés en réanimation en France. Or, dans la majorité des cas, ceux qui le sont ont des parents qui n’étaient pas vaccinés. En conséquence, la vaccination des adultes et de leur entourage, notamment celle des adolescents à partir de 12 ans, est une des mesures les plus efficaces pour protéger les enfants. Pédiatrie Pratique – Dans quel délai pourrons-nous juger de l’existence ou non d’un rebond épidémique en relation avec la reprise scolaire ? F. Angoulvant – Pour l’heure l’incidence de la Covid-19 est en train de baisser, comme le montrent les dernières données de Santé Publique France. De plus, jusqu’à maintenant le respect de simples mesures de bon sens à l’école a suffi pour éviter que le milieu scolaire soit à l’origine de la situation épidémique. Encore une fois, et comme le souligne le CDC d’Atlanta, on n’a jamais observé le cas de figure où le SARS-CoV-2 circulait beaucoup à l’école et peu dans la population générale. Pédiatrie Pratique – Pour conclure, le variant Delta mobilise toutes les attentions, mais ne faut-il pas rester vigilant quant aux maladies infectieuses habituelles de l’enfant dont l’épidémiologie a été totalement perturbée ? F. Angoulvant – Oui, le pic de bronchiolite à VRS a été décalé en février-mars avec une moindre intensité, et un deuxième pic beaucoup moins important a été enregistré cet été. Autre exemple, l’incidence de la varicelle a beaucoup baissé et il existe donc un risque de survenue d’une grosse épidémie. Toutes les mesures de confinement, de distanciation sociale et de lavage de mains avec une solution hydroalcoolique ont eu un effet très marqué sur ces infections virales et il existe, de ce fait, un potentiel épidémique pour certaines d’entre elles. Il est donc important que les enfants soient correctement vaccinés, selon les recommandations du calendrier vaccinal.  

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