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Pneumologie

Publié le 25 mar 2024Lecture 4 min

Bronchiolite aiguë du nourrisson : quelle prise en charge en 2024 par le masseur-kinésithérapeute ?

Hélène JOUBERT, Paris

La bronchiolite aiguë du nourrisson se caractérise par un premier épisode aigu de gêne respiratoire (séquence rhinite suivie de signes respiratoires tels que toux, sibilants et/ou crépitants, accompagnés ou non d’une polypnée et/ou de signes de lutte respiratoire) pouvant survenir à n’importe quelle période de l’année.

Le kinésithérapeute, un rôle de triage   Les critères à évaluer pour déterminer le niveau de gravité comprennent l’altération de l’état général (comportement anormal, hypotonie, geignement), la fréquence respiratoire (mesurée sur 1 minute), le rythme respiratoire (pauses), la fréquence cardiaque, l’utilisation des muscles accessoires (signes de lutte), la prise alimentaire, et, si disponible, la saturation en oxygène (SpO2) mesurée par oxymètre de pouls en air ambiant. Les données de fréquences respiratoire et cardiaque doivent être chiffrées et analysées en fonction de l’âge du nourrisson. L’évaluation clinique doit tenir compte de critères de vulnérabilité incluant la prématurité, l’âge (< 2 mois) et des comorbidités telles que dysplasie bronchopulmonaire, ventilation néonatale prolongée, cardiopathie congénitale avec shunt non opérée, déficits immunitaires, pathologies avec risque accru de toux inefficace et fatigabilité musculaire. Les critères environnementaux sont également importants, comprenant des contextes sociaux ou économiques défavorables, des difficultés d’accès aux soins ne permettant pas un retour à domicile. Pour les prématurés (< 35 SA), les critères incluent le tabagisme pendant la grossesse mais aussi passif, la naissance en période d’épidémie à VRS, la fratrie, la crèche, et l’absence d’allaitement maternel. La date du début des signes de lutte ou de la toux est déterminante, du fait d’un risque d’aggravation pendant les premières 48 heures.   La désobstruction des voies aériennes supérieures   Le masseur-kinésithérapeute peut agir en contribuant a la désobstruction des voies aériennes supérieures (VAS), en vue d’optimiser la respiration du nourrisson. Cette intervention doit être effectuée préalablement à l’évaluation de la gravité et à la mesure de la SpO2 par oxymétrie de pouls. Les techniques de kinésithérapie respiratoire, telles que le drainage postural, la vibration et le clapping, sont contre-indiquées dans le cadre de la bronchiolite aiguë selon les recommandations de bonne pratique de la HAS parue en 2019. Ces dernières précisent également que « si aucune technique de désobstruction n’a démontré une supériorité par rapport a une autre, les aspirations nasopharyngées ont un rapport bénéfice/risque négatif et ne sont pas recommandées ». Le désencombrement des VAS peut être réalisé soit par l’instillation de sérum physiologique soit par des techniques de désencombrement rhinopharyngé rétrograde, éventuellement précédées par des instillations de faible volume à faible pression. Malgré des habitudes de pratiques fortes, le manque de littérature sur le sujet est patent. Un consensus belge propose des conditions de réalisation : sérum physiologique autour de 37°, de 5 à 20 ml/narine en fonction de l’âge du nourrisson, décubitus latéral réalisé des deux côtés, utilisation d’une poire ou d’un dispositif compressible pour l’instillation. À noter, la kinésithérapie respiratoire peut être envisagée chez l’enfant présentant des comorbidités (pathologies respiratoires chroniques ou neuromusculaires). Toutefois, la kinésithérapie respiratoire de désencombrement bronchique n’est pas recommandée en ambulatoire. Les publications ne sont pas suffisamment significatives pour recommander cette pratique en ville. La version 2023 de la revue de la Cochrane sur ce sujet conclut que la kinésithérapie pourrait apporter des bénéfices légers a modérés dans les formes de bronchiolite modérées ; ces données provenant surtout de nourrissons hospitalisés. L’effet spécifique de ce traitement n’est pas démontré à ce jour et les publications souffrent de nombreux biais. Par ailleurs, en cas d’intervention de désencombrement des voies aériennes inférieures, le rapport bénéfice/risque devra être réfléchi et documenté, et l’innocuité du geste évaluée continuellement. Pour Matthieu Bremond et Yann Combret, kinésithérapeutes intervenant au CPLF 2024 sur le rôle du masseur-kinésithérapeute dans la bronchiolite aiguë du nourrisson, la place des professionnels de premier recours consiste en des mesures éducatives (drainage des VAS, par exemple) et le suivi rapproché de l’état respiratoire des nourrissons, coordonnés par le médecin traitant, et des pratiques de désencombrement des voies aériennes supérieures.

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