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Dermatologie

Publié le 04 jan 2010Lecture 4 min

Eczéma au tatouage éphémère au henné noir

E. MAHÉ, Service Dermatologie, Hôpital Ambroise-Paré, Boulogne-Billancourt
Félix, 8 ans, revient de vacances en Tunisie. Pendant son séjour, il s’est fait faire plusieurs tatouages noirs sur la plage : un scorpion sur le bras droit, un cobra sur le bras gauche et son prénom en arabe sur l’avant-bras droit.
Observation Félix, 8 ans, revient de vacances en Tunisie. Pendant son séjour, il s’est fait faire plusieurs tatouages noirs sur la plage : un scorpion sur le bras droit, un cobra sur le bras gauche et son prénom en arabe sur l’avant-bras droit. À son retour, il consulte car ses tatouages ont pris un aspect plus préoccupant. Ils sont devenus rouges, légèrement prurigineux, papuleux et dessinant parfaitement les contours des tatouages initialement réalisés (figure 1).   Diagnostic retenu Le diagnostic de réaction allergique au tatouage transitoire au henné est retenu. Un traitement par dermocorticoïde de classe forte a été instauré et maintenu de façon prolongée afin de faire régresser les lésions. Par ailleurs, une évaluation allergologique a été prescrite afin de caractériser l’allergène, à priori la paraphénylène diamine (PPD), un composé habituel des colorations pour cheveux et ajouté au henné afin d’obtenir le « henné noir » utilisé dans les tatouages temporaires.   Commentaires Cela fait maintenant plus de 10 ans que des cas de réaction allergiques au henné noir (black henna tatoo) sont rapportés. Les tatouages temporaires au henné noir sont proposés le plus souvent aux vacanciers sur les plages, dans les centres de vacances ou sur les marchés, et sont fort appréciés, notamment par les jeunes.   Figure 1. Tatouage du prénom en arabe de l’avant-bras droit. Le henné habituel est issu d’un arbuste épineux dont les feuilles produisent des teintes de l’orange au marron. Son temps de pose est long, de plusieurs heures. L’adjonction de PPD permet : – de réduire le temps d’application du henné ; – d’augmenter la durée du tatouage temporaire ; – d’intensifier sa couleur. Cela correspond ainsi mieux aux attentes des vacanciers. La réaction allergique est le plus souvent localisée, de type eczéma de contact, pouvant être vésiculeuse, voire bulleuse et douloureuse. Elle peut être transitoire et de faible intensité lors de la première application, mais beaucoup plus sévère en cas de ré-application. Si le plus souvent elle est localisée au tatouage, elle peut dans certaines observations s’étendre, voire se généraliser. Des réactions anaphylactiques ont aussi été rapportées. Le délai d’apparition entre le tatouage et les symptômes est de 7 à 15 jours en cas de primoapplication mais beaucoup plus court en cas de second contact (ce premier contact peut ne pas être un tatouage). La guérison peut mettre plusieurs semaines malgré le traitement local et laisser des cicatrices dyschromiques (hypo-ou hyperpigmentations), voire chéloïdiennes.   Prise en charge Figure 3. Affichette alertant les patients du risque lié aux tatouages transitoires au henné, publié par l’Afssaps depuis 2008. Disponible gratuitement • La prévention est extrêmement importante. Pour cela l’Afssaps mène depuis plusieurs années des campagnes de sensibilisation, au printemps notamment, en mettant à disposition des professionnels de santé des affichettes (figure 2). Le principal conseil que les médecins doivent rappeler aux familles est d’éviter le tatouage au henné noir pendant les vacances. Ce message est d’autant plus important pour un enfant déjà polysensibilisé ou ayant déjà fait une réaction faisant suspecter une sensibilité à la PPD. • Le traitement symptomatique passe par la corticothérapie locale forte, maintenue de façon prolongée, si besoin pendant plusieurs semaines dans certains cas. • Une évaluation allergologique (patch-tests) doit être proposée à distance de l’épisode. La PPD sera testée diluée (0,01 % au lieu de 1 %) dans de la vaseline, afin d’éviter les réactions sévères. Lors de cette consultation seront précisés : – les éventuelles réactions croisées (avec le caoutchouc par exemple) ; – les produits pouvant contenir ce produit, comme certains colorants textiles et teintures capillaires. Cette sensibilisation peut interdire ultérieurement le métier de coiffeur… Enfin, l’Afssaps demande aux professionnels de santé de faire une déclaration de cosmétovigilance devant de telles observations.  

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