publicité
Facebook Facebook Facebook Partager

Editorial

Publié le 31 mar 2023Lecture 3 min

Le papillomavirus dans la lumière

Benjamin AZÉMAR - Rédacteur en chef

Avec l’amicale relecture de Enora LAAS (Institut Curie, Paris).

Le 28 février dernier, l’exécutif a annoncé la mise en place d’une campagne de vaccination contre le papillomavirus (HPV) dans les collèges, en classe de 5e, à compter de la rentrée scolaire 2023. Cette vaccination sera gratuite, soumise à l’accord des parents, et aura pour objectif d’améliorer la couverture vaccinale des adolescents. En effet celle-ci reste largement insuffisante, chez les garçons bien évidemment (la recommandation n’ayant été étendue qu’en janvier 2021), mais aussi chez les filles : moins de la moitié des adolescentes sont protégées en France, alors que la vaccination est recommandée depuis 2007 et que les données récoltées depuis n’ont fait que renforcer le rapport bénéfice/risque. Il nous reste donc quelques mois pour comprendre les raisons d’un tel échec, si nous ne voulons pas nous heurter à de nombreux refus. D’autant que le lancement d’une campagne de vaccination dans les collèges pour protéger contre un risque de cancer, initiative louable s’il en est, ne manquera pas de rappeler à certains la mauvaise publicité reçue en son temps par le vaccin contre l’hépatite B : sa remise en question est désormais derrière nous, mais pas son empreinte dans la mémoire collective, malheureusement. Il s’agira donc de diffuser les bons messages à l’ensemble de la communauté médicale, et au grand public : – nous avons plus de 10 ans de recul sur ce vaccin, avec environ 500 millions de doses administrées, et sa sécurité a donc été largement confirmée ; – le HPV est responsable de 3 000 cancers du col de l’utérus par an, chez des femmes jeunes (40 ans en moyenne) ; mais aussi de 30 à 35 000 dysplasies et lésions précancéreuses, dont la prise en charge est très anxiogène, et dont le traitement majore par la suite le risque de complications obstétricales (accouchement prématuré en particulier) ; – les garçons sont aussi concernés que les filles, puisqu’ils sont majoritaires dans les 3 000 autres cancers annuels liés à HPV (ORL, région périnéale), et contribuent grandement à la circulation du virus ; – l’âge est un élément clé, puisque 2 doses suffisent entre 11 et 14 ans, contre 3 doses à partir de 15 ans ; et cette tranche d’âge permet surtout d’alléger les discussions sur le début de l’activité sexuelle, qui réduit progressivement l’efficacité du vaccin. Au passage, et sans renier le libre-arbitre que chacun souhaite conserver, on note qu’il est franchement contre-productif « d’attendre et de réfléchir » : la période entre 11 et 14 ans est à l’évidence optimale pour administrer ce vaccin. Au même titre que les gynécologues(1), réjouissons-nous donc de l’annonce de cette campagne, et retroussons nos manches pour accompagner la réduction du fardeau des pathologies liées à HPV, dans le plus grand intérêt de nos patients et de leurs familles.

Attention, pour des raisons réglementaires ce site est réservé aux professionnels de santé.

pour voir la suite, inscrivez-vous gratuitement.

Si vous êtes déjà inscrit,
connectez vous :

Si vous n'êtes pas encore inscrit au site,
inscrivez-vous gratuitement :

Version PDF

Articles sur le même thème