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Editorial

Publié le 02 nov 2022Lecture 3 min

Notre niveau de santé n’est pas un acquis

Benjamin AZÉMAR, CHU Saint-Denis de la Réunion

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Pour une nature optimiste, il est pénible d’écrire ou de lire de tels propos ; il serait d’ailleurs dangereux de se laisser envahir par une « iatro-anxiété », qui viendrait s’ajouter à l’éco-anxiété et à d’autres encore. Mais il ne faut tout de même pas le perdre de vue : en tant que population, notre niveau de santé (selon l’OMS : état de complet bien-être physique, mental et social) tient à un équilibre délicat, régulièrement menacé. Et sa progression globale, indiscutable au fil du temps, n’a rien de linéaire : elle présente des à-coups qui sont, paradoxalement, de moins en moins acceptables à mesure que notre santé s’améliore. La pandémie de Covid, la variole du singe et les autres pathogènes émergents qui nous attendent sont des exemples presque trop évidents ; mais la situation catastrophique de l’hôpital public, qui s’est encore largement dégradée ces deux dernières années par manque de moyens et d’attractivité, est un marqueur bien plus inquiétant et durable. Le scepticisme vaccinal, qui ne représente d’ailleurs qu’une partie de la défiance de certains de nos contemporains en matière de santé, fait quant à lui désormais partie de notre quotidien en pédiatrie : il provoque tantôt notre inquiétude, tantôt une certaine lassitude. Et s’il faut chercher des indicateurs plus inattendus, que dire de ce récent rapport de Santé Publique France(1) qui révèle une progression de la mortalité périnatale entre 2010 et 2019 ? Le mécanisme en est probablement complexe, mais les mesures nécessaires pour l'endiguer risquent malheureusement de se heurter à la désaffection des services de PMI, qui sont pourtant, au même titre que l’hôpital public, l’un des fleurons de notre système de santé. Dès lors, en tant que soignants, comment éviter de sombrer dans la sinistrose (et au passage donner un ton plus positif à cet éditorial) ? D’abord, en gardant le cap : nos métiers trouvent leur sens dans la relation à l’autre, dans tous les aspects du soin, et les situations tendues n’y font pas exception. Ensuite, en apprenant à se protéger : savoir passer le relais quand la communication est rompue, savoir se préserver quand le temps manque pour faire encore plus – « À l’impossible nul n’est tenu » –, et ainsi ne pas s’épuiser dans nos missions. Enfin, en gardant espoir : les avancées entrevues depuis le Ségur de la santé sont certes insuffisantes, mais doivent nous inciter à porter toujours plus haut nos idées et nos aspirations. Afin d’avoir, un jour peut-être (et « quoi qu’il en coûte » ?), un système de santé à même de répondre aux défis d’aujourd’hui... et de demain.   Addendum : à l'heure où nous publions ces lignes, la SFP et un collectif de soignants en pédiatrie se mobilisent par voie de presse pour alerter les pouvoirs publics sur la façon dont l'épidémie actuelle de bronchiolite, pourtant prévisible, désorganise l'ensemble des services pédiatriques, y compris les soins programmés. Cela met en danger la santé d'un grand nombre d'enfants, directement ou indirectement : la fragilisation de notre système de santé ne peut plus être ignorée. Souhaitons que ces cris d'alarme soient entendus.

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