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Editorial

Publié le 26 nov 2020Lecture 3 min

COVID-19 : les enfants sont-ils vraiment moins contagieux ?

Bertrand CHEVALLIER, Rédacteur en chef

Sont-ils moins infectés que les adultes ? Sont-ils plus contagieux ? Faut-il distinguer le cas des très jeunes de celui des plus âgés et des adolescents ? Les questions autour du potentiel rôle contaminant des enfants se posent à l’heure du reconfinement national mais « avec des écoles ouvertes » contrairement au printemps dernier.

« La connaissance est une navigation dans un océan d’incertitudes à travers des archipels de certitudes. » - Edgar MORIN - Les sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur Au début de l’épidémie en France, les enfants étaient réputés être de grands transmetteurs de microbes, d’où la fermeture des écoles. Dès fin février, un rapport de la mission conjointe Chine-OMS soulignait l’infime proportion dans laquelle les enfants semblent touchés par ce virus. Plusieurs études, dont une publiée en mars dans The Lancet et obtenue à partir des données de 507 patients, concluant à 3 % de cas pédiatriques, sont venues confirmer cette tendance : les facteurs de division du risque par rapport aux adultes sont de l’ordre de 1/10 000 pour les décès, 1/1 000 pour les formes graves, 1/100 pour les hospitalisations, 1/3 sur le pourcentage de PCR positives. Le 25 septembre dernier, une analyse de 32 études sur le sujet et publiée par le JAMA Pediatrics concluait néanmoins que les enfants et adolescents de moins de 20 ans avaient 44 % de chances en moins d’être infectés par rapport aux adultes de 20 ans et plus. Une tendance encore « plus marquée chez les moins de 10 à 14 ans ». Selon une étude publiée fin septembre par le Center for Disease Control and Prevention (CDC) américain, le risque d’infection est ainsi « deux fois plus élevé chez les 12-17 ans que chez les 5-11 ans ». C’est d’ailleurs en s’appuyant sur ces données, que le Haut Conseil pour la santé publique (HCSP) a proposé un assouplissement du protocole sanitaire dans les écoles depuis la rentrée des vacances d’été. Un article paru fin octobre dans le Medical Journal of Australia soulève un lièvre peu évoqué jusque-là : les études selon lesquelles les enfants contaminent peu leurs proches auraient été réalisées pendant des périodes de confinement et donc de faible circulation virale ! Courant octobre, plusieurs études réalisées aux États-Unis (CDC d’Atlanta, JAMA), en Inde et en Corée du Sud ont battu en brèche l’idée d’une faible transmission au sein d’un foyer familial. La même semaine, c’est ce que révèle une étude américaine publiée fin juillet dans le JAMA Pediatrics, selon laquelle le taux de matériel génétique du coronavirus détecté dans le nez d’enfants de moins de 5 ans est 10 à 100 fois plus élevé que chez des enfants plus âgés. La même semaine, les chercheurs de l’Université d’Oxford estiment après une analyse large de la littérature que le fait de vivre avec des enfants de 0 à 11 ans n’est pas associé à une augmentation du risque d’être infecté par le virus. « Des tests massifs effectués en Islande et en Italie ont montré que les enfants de moins de 10 ans avaient une incidence de COVID-19 inférieure à celle des adolescents et des adultes. » Mais les données sont hétérogènes. Des chercheurs allemands ont détecté les mêmes quantités d’ARN viral dans les prélèvements nasaux ou pharyngés chez les 0-10 ans et les 11-20 ans. Selon une étude française menée sur 1 340 personnes dans les écoles primaires de l’Oise, les enfants de 6 à 11 ans transmettent peu le virus à l’école, que ce soit aux autres élèves ou aux adultes. « Typiquement, les enfants sont infectés dans les familles, par leurs parents le plus souvent, mais après, transmettent très peu à l’école », explique Arnaud Fontanet de l’Institut Pasteur. Alors que le 26 août, le Premier ministre assurait que pour les enfants jusqu’à 11 ans, le port du masque était contre-productif, la politique de prévention actuelle s’axe autour du port du masque obligatoire dès 6 ans à l’école (et peut-être bientôt à la sortie et au domicile) afin d’atténuer la vitesse de propagation du virus et ainsi protéger familles et grands-parents, tout comme les professionnels de l’éducation. Alors l’enfant ? Contagieux outre-Rhin, peu transmetteur en France ?

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