publicité
Facebook Facebook Facebook Partager

Adolescence

Publié le 30 avr 2025Lecture 5 min

Une acné de la nuque chez un adolescent

Émilienne PERRONNE PAGLAN*, Fabien DRUON**, Emmanuel MAHÉ*, *Service de dermatologie, hôpital Victor Dupouy, Argenteuil, **Cabinet de médecine générale, Deuil-La-Barre

La téléexpertise de proximité permet d’améliorer le parcours de soin des enfants et d’orienter au plus vite vers une consultation spécialisée quand nécessaire. Cette observation illustre l’intérêt de cette solution à travers un patient adressé par un collègue généraliste.

Cas clinique   Le dossier d’un adolescent de 15 ans, sans antécédents notables, est déposé. Ce jeune présente depuis un an des papules à la base du cuir chevelu. Il n’y a pas de prurit ni d’autres signes associés. Les photographies jointes mon trent de multiples lésions papuleuses, d’allure folliculaire, de petite taille au niveau de la nuque, et confluentes, quasi-chéloïdiennes, en occipital bas (figure 1). L’aspect clinique est en faveur d’une acné chéloïdienne de la nuque. Une consultation présentielle est proposée dans le mois, afin de confirmer le diagnostic et initier la prise en charge et le suivi. Lors de la consultation, le diagnostic est confirmé. Un traitement associant doxycycline per os (100 mg/j) et adapalène crème (1/j) est initié. Il est aussi prescrit de la bétamétasone en crème, à débuter 1 mois après le début du premier traitement. Figure 1. Acné chéloïdienne de la nuque.   Discussion   L’acné chéloïdienne de la nuque est un trouble inflammatoire chronique des follicules pileux de la région nucale et/ou occipitale dont la prévalence varie d’un pays à l’autre, allant de 0,5 à 13,6 %. Elle débute volontiers en fin de puberté (rare après 55 ans) et s’observe presque exclusivement chez les personnes d’origine africaine, principalement chez les hommes. On pense qu’il s’agit d’un trouble primaire du follicule pileux, avec éventuellement des facteurs déclenchants mécaniques et infectieux comme des bactéries, en particulier Staphylococcus aureus et des éléments fongiques tels que Malassezia. L’infection chronique de bas grade, l’auto-immunité et l’utilisation de certains médicaments, tels que la ciclosporine, la diphénylhydantoïne, l’acide acétylsalicylique, ont été impliqués chez certains patients. Une grande étude togolaise a montré que le surpoids et l’obésité, les saignements lors de la coiffure, la fréquence et le style de la coiffure (rasage notamment) étaient des facteurs de risque indépendants d’acné chéloïdienne de la nuque. Le diagnostic est clinique, se caractérisant par l’apparition de papules et/ou de pustules de taille variable sur la région nucale, occipitales et/ou sur le dos, diffusant latéralement ou allant parfois jusqu’au vertex, précédée d’un prurit. Elle évolue grossièrement en trois stades où coexistent les lésions pustuleuses, papuleuses et nodulaires, puis des plaques et des placards fibrocicatriciels d’allure chéloïdienne. Cependant, les lésions d’acné chéloïdienne ne présentent pas de caractéristiques histologiques évocatrices d’une chéloïde et les raisons de cette localisation ne sont pas claires. La récurrence de l’acné chéloïdienne de la nuque entraîne alors une alopécie cicatricielle, et l’évolution peut se faire exceptionnellement vers des lésions tumorales (carcinome épidermoïde).   Diagnostics différentiels   Devant des pustules du cuir chevelu chez un grand enfant ou un adolescent, en dehors des folliculites bactériennes, se discuterons deux pathologies inflammatoires chroniques du cuir chevelu : la folliculite décalvante de Quinquaud (figure 2), et la cellulite disséquante du cuir chevelu (figure 3). Figure 2. Folliculite décalvante chez une fillette de 10 ans. Plaque alopécique cicatricielle inflammatoire (érythème périfolliculaire, pustules folliculaires et croûtes hémorragiques) du cuir chevelu débutant souvent en occipital et ayant tendance à une extension centrifuge. Traitement initial de référence : cyclines. Figure 3. Cellulite disséquante chez un adolescent de 15 ans. Abcès froids récidivants du cuir chevelu résistant aux antibiotiques/antifongiques, pouvant être recouverts de pustules. L’alopécie en regard des lésions est réversible au début. Traitement initial de référence : isotrétinoïne.   Traitement   Le traitement se réalise en deux étapes souvent associées : – le traitement des poussées et la prévention des récurrences, au long cours, qui s’appuie sur les antibiotiques topiques ou oraux (cyclines) et les rétinoïdes locaux. Le rasage des cheveux est déconseillé afin d’éviter les phénomènes d’incarnation d’un poil crépu qui aggraveront ces lésions ; – le traitement de la complication évolutive, l’aspect chéloïdien, qui repose sur les corticoïdes locaux soit en crème (corticoïdes forts ou très forts, appliqués de façon prolongée) ou en injections intralésionnelles (triamcinolone) itératives. Dans le cas de lésions fibreuses importantes et/ou persistantes, l’excision chirurgicale est parfois utile. Le traitement au laser et la photothérapie peuvent être utilisés pour réduire le nombre ou la taille des lésions.   Conclusion   La fréquence de cette affection reste faible, mais sa survenue a un impact significatif sur la qualité de vie du patient. Son diagnostic est basé sur l’interrogatoire et l’examen clinique. Le diagnostic est souvent tardif, au stade séquellaire, d’où l’intérêt de sensibiliser les médecins et les patients pour une prise en charge précoce. Pour en savoir plus : • George AO, Akanji AO, Nduka EU, et al. Clinical, biochemical and morphologic features of acne keloidalis in a black population. Int J Dermatol 1993 ; 32(10) : 714-6. • Adegbidi H, Atadokpede F, do Ango-Padonou F, et al. Keloid acne of the neck: epidemiological studies over 10 years. Int J Dermatol 2005 ; 44(Suppl 1) : 49-50. • Salami T, Omeife H, Samuel S. Prevalence of acne keloidalis nuchae in Nigerians. Int J Dermatol 2007 ; 46(5) : 482-4. • Ogunbiyi A. Acne keloidalis nuchae: prevalence, impact, and management challenges. Clin Cosmet Investig Dermatol 2016 ; 9 : 483-9. • Saka B, Akakpo AS, Téclessou JN, et al. Facteurs de risque associés aux folliculites fibrosantes de la nuque chez le sujet noir : étude cas-témoins. Ann Dermatol Venereol 2020 ; 147(5) : 350-4. • Maranda EL, Simmons BJ, Nguyen AH, et al. Treatment of Acne Keloidalis Nuchae: A Systematic Review of the Literature. Dermatol Ther (Heidelb) 2016 ; 6(3) : 363-78.

Attention, pour des raisons réglementaires ce site est réservé aux professionnels de santé.

pour voir la suite, inscrivez-vous gratuitement.

Si vous êtes déjà inscrit,
connectez vous :

Si vous n'êtes pas encore inscrit au site,
inscrivez-vous gratuitement :

Version PDF

Articles sur le même thème

  •  
  • 1 sur 4

Vidéo sur le même thème