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Editorial

Publié le 11 déc 2021Lecture 3 min

Médecine : toucher le patient, ce n’est plus automatique

Bertrand CHEVALLIER, Boulogne-Billancourt

« À vouloir enseigner trop de médecine, on n’a plus le loisir de former le médecin »
ean HAMBURGER (1909-1992) - La Puissance et la Fragilité

Palpation, auscultation, percussion... Sous l’effet conjugué des progrès de la technologie et de l’évolution des mentalités, ces gestes s’oublient pendant les consultations médicales. Garder ses distances, se toucher le moins possible. Depuis des mois, le coronavirus a imposé sa loi dans les transports, au bureau, et jusque dans les cabinets médicaux, où certains réflexes ont été relégués au rang des contacts superflus, à commencer par la poignée de main. Palper, ausculter, tapoter... Ces gestes quasi rituels de la consultation chez le praticien n’ont pas attendu la crise sanitaire pour se raréfier. « Depuis trois décennies environ, on observe une prise de distance entre le médecin et son patient », note ainsi Stanis Perez, auteur d’une Histoire des médecins. Artisans et artistes de la santé de l’Antiquité à nos jours (Ed. Perrin). « Autrefois, aller chez le médecin impliquait d’être observé dans la totalité de son anatomie. Il y avait quelque chose de très intrusif », souligne-t-il, évoquant la célèbre représentation du tactile du Docteur Knock dans la pièce de Jules Romains, presque couché sur sa patiente. Aujourd’hui, la tendance s’est inversée et il n’est pas rare que les médecins auscultent à travers le pull, voire n’auscultent pas du tout. En cause, l’apparition de « nouveaux tabous entourant l’accès au corps ». « La profession a beau se féminiser, la médecine est encore associée à une fonction masculine, ce qui peut nourrir l’inquiétude de certaines patientes et susciter une forme d’autocensure chez certains médecins », analyse cet historien de la médecine. De plus en plus, on explique que le bon diagnostic ne se fait plus par le geste ou par l’observation, mais par le calcul. On se dirige ainsi vers une médecine des chiffres : au-dessus de tel seuil, ce n’est pas bien, en dessous, ce n’est pas bien non plus. Les patients eux-mêmes sont de plus en plus en attente de cette évaluation mathématique. Une évolution à laquelle ont aussi contribué les progrès de l’imagerie médicale. L’objectif recherché étant plus souvent d’éliminer un diagnostic que de confirmer ses hypothèses. Dans l’esprit de beaucoup de médecins, l’imagerie exclut l’examen clinique et donc le contact physique avec le patient, l’un n’allant pas sans l’autre. Une imagerie ne devrait n’être que le prolongement des yeux et de la main du médecin et non s’y substituer. Pour certaines familles au contraire, être examiné minutieusement, c’est être correctement soigné et non « à la va-vite ». Depuis une dizaine d’années, la question du toucher intervient davantage dans l’enseignement des jeunes médecins. Pour l’aspect technique, des mannequins permettent aux étudiants d’apprendre à palper un ventre, un nodule ou un ganglion. On est passé du réel au simulé ! Le progrès est formidable !

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